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ESCADRILLE M. F. 20, la dernière Escadrille créée en temps de paix (1913), fut affectée, le 7 août 1914, à l'Armée de Lorraine. Elle était commandée par le capitaine Marquer et comprenait comme pilotes : les lieutenants Frère, Brault, Mouchard, Gignoux ; l'adjudant-chef Massonaud, le maréchal des logis Huard. Du 10 au 20 août, l'Escadrille stationnée à Nancy, puis à Lunéville, exécute des reconnaissances d'armée, avant et pendant la bataille de Morange-Sarrebourg, puis rejoint Toul après le repli de l'Armée Castelnau sur les lignes du Grand Couronné.

C'est alors que, pour la première fois, des Corps d'Arméedemandèrent et obtinrent quelques avions pour leurs missions particulières. Trois avions de l'Escadrille 20 sont mis à ]a disposition du XVIe Corps d'Armée et s'installent à Bayon.

Le 24 août, le lieutenant Brault, qui fait partie de ce détachement, exécute deux reconnaissances décisives, dévoilant les mouvements de fortes colonnes allemandes passant la Meurthe en colonnes serrées et se dirigeant vers les positions françaises ; des dispositions nécessaires sont prises à temps et
les troupes ennemies décimées et arrêtées. Le XVIe Corps passe à l'offensive. Du 29 août au 16 septembre, l'Escadrille travaille pour lui, sur le front de Gerbevillers, Fraimbois, Moyen, exécutant des reconnaissances et pour la première fois, des réglages. Les indications du tir étaient données aux artilleurs par des mouvements de l'avion : cercles ou huits, à droite ou à gauche de l'axe du tir. Malgré la longueur de ce procédé, des résultats importants furent obtenus contre les batteries ennemies qui n'étaient pas encore protégées.

Cependant, la bataille de la Marne oblige les Allemands au repli général. Pour accélérer cette retraite, d'importantes troupes françaises sont envoyées en Picardie, puis en Artois, enfin dans les Flandres, sur le flanc découvert du front allemand. C'est la « Course à la mer ». L'Escadrille M. F. 20, dont le capitaine Massol vient de prendre le commandement, rejoint Clermont (Oise), puis Amiens et détermine les positions ennemies dans la région de Ham, Saint-Quentin, Péronne. A la fin de septembre, elle est mise à la disposition du XIVe Corps d'Armée avec lequel elle va batailler jusqu'à la fin de la guerre.

Après les combats de rencontre sur la ligne de Cappy, Chaulnes, de Quesnoy, le front du Corps d'Armée se stabilise.

C'est, malgré des attaques locales, la guerre des fortifications qui commence.
L'Escadrille 20 s'installe à Villers-Bretonneux et y reste jusqu'en août 1915. Pendant cette période, l'Aviation d'observation prend conscience de son rôle, perfectionne ses méthodes et gagne la confiance des troupes. La reconnaissance à vue et la reconnaissance photographique permettent de repérer exactement les travaux de l'ennemi, les batteries abritées, les réserves de matériel. On met au point l'utilisation des renseignements aériens, notamment l'interprétation des photographies et les méthodes de réglage par avion. Le 12 novembre 1914, on monte sur un avion de l'Escadrille un appareil de télégraphie sans fil : c'est le début d'un procédé de liaison entre
l'avion et la terre, particulièrement efficace. L'obsrvation aérienne se perfectionnait mais devenait aussi plus difficile.

Le pilote seul ne pouvait y suffire. Aussi, les Corps furent-ils amenés à détacher dans leur Escadrille des observateurs.

L'Escadrille 20 reçut ainsi une dizaine d'officiers, dont quelques-uns obtinrent de magnifiques résultats, notamment le capitaine Pierlot, les lieutenants Pouchon, Hervet, Verdurand Fayet. Elle effectuait aussi quelques bombardements détruisant, en particulier le 25 mai 1915, la réserve d'Aviation allemande du Grand Priel. La réaction de l'ennemi contre les résultats grandissants de l'observation aérienne se traduisait par une densité croissante de ses batteries tirant contre avions.

En septembre 1915, le XIVe Corps d'Armée, est appelé à participer à l'offensive en Champagne. L'Escadrille M. F. 20, dont le capitaine Gignoux a pris le commandement, s'installe à Tilloy. La préparation de la bataille, en ce qui concernait le travail de l'aviation en liaison avec la terre et spécialement
avec l'artillerie, nécessita une minutieuse réglementation des émissions de télégraphie sans fil, pour permettre à tous les Corps d'Armée en ligne d'exécuter simultanément leurs réglages. Cette méthode, employée pour la première fois, permit de raccourcir la durée de la préparation d'artillerie. C'est à ce moment qu'apparaissent, sur le champ de bataille, les premiers avions de combat. Le 20 septembre 1915, le caporal Nageotte et le lieutenant Jacquemond sont attaqués et l'officier observateur est tué. Dans les derniers jours qui précèdent l'attaque de nos troupes, les équipages sortent plusieurs fois par jour, réglant chaque batterie. Le résultat fut une victoire qui, pour n'avoir pas eu de résultats stratégiques, apporta à notre armée, outre un chiffre imposant de prisonniers et de certitude d'une rupture possible du front allemand.

L'Escadrille M. F. 20, qui s'était prodiguée sans compter, fut après la bataille citée à l'Ordre de l'Armée avec le motif suivant :
Escadrille MF. 20 du 14e Corps d'armée, sous la conduite du Capitaine Gignoux a rendu pendant les journées de Septembre et d'octobre des services
exceptionnels, faisant preuve d'une audace, d'une habileté, d'un mépris du danger au-dessus de tout éloge. A exécuté des reconnaissances et des réglages de
tir dans les conditions les plus défavorables, allant jusqu'à l'extrême limite des forces de ses pilotes et de ses observateurs dont plusieurs ont été tués ou blessés au cours de leurs missions. A contribué ainsi pour une grande part aux succès du Corps d'Armée. Le 22 Novembre 1915, Le Général commandant la II" Armée, signé : PETAIN.
Après l'arrêt de l'offensive, le XIV* Corps fut envoyé en Alsace. L'Escadrille 20 rejoignit Belfort, puis Foussemagne, sur l'ancienne frontière. Ce secteur qui, pour les troupes, était considéré comme relativement calme, fut toujours au contraire animé pour les aviateurs, en raison de sa proximité des bases aériennes ennemies. Aussi, lorsqu'une pièce allemande à longue portée commença à tirer sur les environs de Belfort, ce fut une lutte de vitesse entre les deux aviations, l'une tentant de régler le plus vite possible la pièce ennemie sur la ville, l'autre essayant de découvrir cette pièce et de régler un tir sur elle. L'Aviation française l'emporta, réussit à repérer l'emplacement des deux pièces soigneusement dissimulées dans un bois et à régler sur ces emplacements des tirs de destruction, sauvant ainsi la ville de Belfort d'un bombardement imminent.

L'hiver de 1916 n'était pas encore terminé, lorsque les Allemands entreprirent leur formidable poussée sur Verdun. Le Commandement français, résolu à tenir les hauts de la Meuse, organisa rapidement un front défensif au Nord et à l'Est de la ville. Le XIVe Corps fut désigné pour tenir le secteur des Eparges au fort de Vaux.

L'Escadrille M. F. 20, partie de Belfort en pleine tempête de neige, se rassemble à Senoncourt, à l'ouest de la Meuse.

Elle va passer sur ce terrain, une année entière, année de combats ininterrompus sans un seul jour de repos, année glorieuse et terrible, autant par les résultats qui sont en jeu, que par les durs combats aériens devenus quotidiens. Une Aviation de chasse spécialisée s'est créée, ayant comme but la destruction de l'Aviation d'observation. Sur le front, croisent pendant toute la journée, des patrouilles de monoplans Fokkers, souples et rapides, avec mitrailleuses tirant à travers l'hélice. Les Farmans de l'Escadrille 20, avec leur lenteur d'évolution, leur faible vitesse, leur moteur arrière qui impose au tir un angle mort considérable, doivent interrompre constamment leurs missions pour combattre. Ce sera le grand honneur de l'Aviation d'observation d'avoir assuré complètement les missions dont elle fut chargée à Verdun, malgré l'infériorité de son matériel. Son sacrifice est une des causes principales de la défaite allemande. L'Escadrille 20, malgré de dures pertes, relève régulièrement par la photographie le front allemand, règle l'artillerie, volant parfois à quelques mètres du sol, au milieu des éclatements d'obus et des tirs de mitrailleuses.

L'adjudant Auger, pilote de l'Avion photographique, est abattu une première fois, le 18 mars, ses commandes coupées par les balles d'un Fokker. En avril,, son observateur photographe, le lieutenant Pilard, est tué en combat aérien. Le 1er mai, l'adjudant Auger ramène à nouveau son observateur, le lieutenant Richelieu, mortellement frappé.

Puis tombent au Champ d'Honneur, l'adjudant pilote Halmans, le lieutenant observateur Fauchon. Le maréchal des logis Bonafont, connu comme dessinateur sous le nom de Tourraine, a la poitrine traversée de part en part, au cours d'un combat aérien. Perdant le sang à flot, par un dernier et admirable effort, il réussit à ramener son avion au sol pour sauver son passager, le lieutenant Mouget, blessé lui-même, puis meurt, sa tâche accomplie. Le sergent Nageotte est blessé à quatre reprises sans que son ardeur en soit affaiblie. La fin de l'année 1916 voit l'Escadrille presque entièrement renouvelée en même temps que Verdun délivré.

Le XIVe Corps d'Armée fut appelé, au commencement de 1917, à participer aux opérations ayant pour but de rompre le front ennemi entre l'Oise et l'Avre. L'Escadrille s'installa à Gratibus, près de Montdidier, prit part à la préparation de l'offensive française ; puis, à partir du déclanchement de l'attaque (16 mars 1917), éclaira constamment le Corps d'Armée dans sa marche en avant. L'Aviation ennemie se montra agressive sans réussir à arrêter l'élan des équipages français.

Le 17 mars, l'adjudant Nageotte et son observateur, le sous-lieutenant Bernard, sont tués en combat aérien et tombent au milieu des troupes françaises pénétrant dans Roye reconquis.

Le lieutenant Ruinet atterrit près de Nesle, encore occupée par des patrouilles de cavalerie allemande qui prennent aussitôt la fuite et pénètre le premier dans la ville délivrée, renouvelant ainsi un exploit fameux des cavaliers de l'Empire. L'Escadrille 20 s'installe alors plus près des lignes, à Erchen.

Elle est commandée par le lieutenant Sabran. Nos avions précèdent les colonnes françaises, fournissant les renseignements sur l'ennemi et assurant aussi la liaison avec le Commandement, les routes et communications ayant été coupées par les Allemands. Le 24 mars, le lieutenant Méric est abattu en combat aérien ; l'adjudant pilote Lanouil est grièvement blessé, le soldat Billy tué. Le 27 mars, le caporal Herberg et le lieutenant Vercherin sont abattus en flammes. Cet officier, quoique blessé, réussit à retirer son pilote de l'appareil en feu.

L'Escadrille vient, à la fin mars, occuper le terrain de Ham, qui, quelques jours auparavant, était le terrain de l'aviation ennemie. Elle prend part ensuite aux opérations dans la région de Saint-Quentin.

Le XIVe Corps est engagé dans l'Aisne au mois de juin 1917.
L'Escadrille s'installe à la Cense et continue son travail d'observation avec un nouveau matériel composé d'avions A. R. En août, elle occupe le terrain de Tartiers, suivant son Corps d'Armée qui va participer à la bataille d'offensive de « La Malmaison ». La préparation de cette attaque fut méticuleuse et complète. L'Aviation y joua un rôle prépondérant, d'abord par une reconnaissance détaillée des moindres travaux ennemis, puis par le réglage précis de notre artillerie sur toutes les organisations défensives de l'ennemi. La plupart des batteries furent soumises à des tirs de destruction. Les lieutenants observateurs Chassagne et Puisieux réussirent, à plusieurs reprises, à incendier les batteries sur lesquelles ils réglaient des tirs. Le 4 septembre, le maréchal des logis Naud est grièvement blessé par un éclat d'obus, mais parvient à ramener son avion dans nos lignes. Le 21, le caporal mitrailleur Roux est blessé. Le feu ennemi détruit plusieurs avions de l'Escadrille sans ralentir l'ardeur des équipages. Le jour de l'attaque, le 23 octobre 1917, il fait un très mauvais temps : nuages bas, vent violent, ondées fréquentes ; mais l'Escadrille que commande le capitaine Fayet veut à tout prix assurer sa mission, c'est-à-dire la marche de son Corps d'Armée. Successivement partent quatre avions d'infanterie. Volant à quelques mètres au-dessus des troupes, ils sont abattus successivement.

Le sergent Bennehard et le lieutenant Vercherin tombent en flammes entre les lignes, et, quoique blessés, réussissent à échapper à l'ennemi. Le sergent pilote Marchai est grièvement blessé. Le 26 octobre, le lieutenant Casteliu et le soldat Latapie sont blessés en combat aérien contre cinq avions ennemis dont l'un est abattu. Une fois de plus la vaillante Escadrille s'est donnée corps et âme à sa tâche. Aussi, le 16 novembre 1917 recevait-elle sa deuxième citation à l'Ordre de l'Armée, qui devait lui donner droit au port de la Fourragère, avec le motif suivant :
Escadrille A. R. 20. — Escadrille d'élite qui, sous les ordres du Capitaine Gignoux et du Capitaine Fayet, a pris part depuis trois ans à toutes les batailles du Corps d'Armée auquel elle était affectée. A contribué pour une large part, par le courage, l'audace de ses observateurs et pilotes, à l'efficacité de la préparation dans la bataille de l'Aisne (23 25 Octobre 1917). Le 23 Octobre a suivi, par un temps épouvantable, l'avance de nos troupes, par son obstination a réussi à renseigner constamment le commandement sur la situation, malgré le tir violent de l'ennemi. Le Général, Commandant la VI" Armée,
Signé : MAISTRE.

Au début de 1918, le XIVe Corps est en Alsace. L'Escadrille 20 occupe le terrain de Fontaine et va travailler en face d'une aviation ennemie agressive et renforcée. Les combats sont fréquents et violents. Le 18 février, le sous-lieutenant Finat, le sergent Roux sont grièvement blessés ; le 24 février, l'adjudant Morel est atteint à son tour. Le 6 mars, l'adjudant Teissier, l'aspirant Delorme, le caporal Apert sont tués en combat aérien. Malgré ses pertes, l'Escadrille 20 réussit à assurer ses missions dans ce secteur d'Alsace, particulièrement gardé par l'aviation ennemie.

Puis, de l'extrême droite du front, elle rejoint Hondschoote, à la gauche de l'Armée française, pour prendre part à la bataille du Kemmel en même temps que le XIV* Corps (juin 1918).

Elle se rend ensuite en Champagne, où elle va glorieusement participer aux opérations qui vont libérer le territoire français. Elle est alors montée en avions Spad et remplit ses missions ordinaires de reconnaissances, réglages et liaisons. Elle peut y ajouter l'attaque des troupes à terre avec ses mitrailleuses. C'est alors qu'elle séjourne, commandée par le capitaine Delanney, sur les terrains de Matougues et de Champaubert. Au cours de cette période, l'Escadrille perd en combats aériens, le sergent Deglise, le lieutenant Blanchard, le lieutenant Brasseur et abat deux avions ennemis. Mais c'est la fuite
de l'ennemi. L'Escadrille attaque les colonnes allemandes en déroute, les convois, rencontrant enfin, le 11 novembre, la Victoire dans ce ciel où elle combat sans arrêt depuis plus de quatre ans.

Son souvenir est perpétué par l'Escadrille 9 du 358 Régiment d'Aviation.




 

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