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Martenot de Cordoux, André . Né le : 14 mars 1893 à Chalezeule (25). Mort le : 29 décembre 1991 à Paris. Profession avant la mobilisation : ingénieur. Passé à l'aviation le : 5 août 1915. Brevet militaire le : 26 décembre 1915. Parcours : 149e infanterie. Affectations : C 28, C 56, N 94. 7 victoires, 6 combats non homologués. Henri, Marie, André (prénom d’usage) Jean (nom de famille) naît le 14 mars 1893 dans la commune de Chalezeule, un village du Doubs jouxtant la commune de Besançon. Sa mère, née Marie Martenot de Cordoux, est issue d’une vieille famille de Bourgogne et de Franche-Comté comptant plusieurs généraux ayant servi les armées de la monarchie et de l’Empire. Au moment de la naissance d’André, c’est une femme de 34 ans ayant divorcé d’un premier mariage deux ans plus tôt, dont elle a eu deux enfants, deux fils nés en 1882 et 1884, le premier étant décédé en bas-âge en 1885 à Chalezeule. Elle s’est remariée le 4 mars 1891 avec M. Claude François Jean, dont André est le seul enfant. Si la famille de sa mère est prestigieuse, celle de son père ne l’est pas : il est un simple agriculteur de 27 ans, qui a été ajourné de son service militaire, sans doute pour des raisons physiques. Le couple quitte le village de Chalezeule avant 1906. On ignore exactement ce qu’il advient de la famille si ce n’est que Monsieur Claude Jean est en 1911 domicilié au 1 rue des Trois Chatels à Besançon, où il vit seul et exerce la profession de domestique. Son épouse serait décédée et le jeune André vit à cette époque chez sa tante maternelle Elizabeth, directrice de l’école de filles sur la commune d’Arcueil-Cachan dans la région parisienne. Sa tante obtient de 1911 à 1913 un secours d’études en faveur de son neveu qui peut étudier à l’école d’électricité et de mécanique industrielle de Cachan. L’aide est obtenue officiellement « en faveur de son fils », mais le neveu et le fils sont peut-être la même personne car le jeune André à cette époque a adopté comme patronyme courant le nom de sa mère, Martenot de Cordoux. Au moment d’effectuer son service militaire en 1913, il est ajourné d’un an pour faiblesse de constitution par la commission de réforme de la Seine. André obtient ensuite un sursis d’incorporation d’un an pour études qu’il poursuit à l’école d’électricité. Il est toujours sursitaire quand éclate la guerre le 2 août 1914 et est aussitôt appelé sous les drapeaux le 12 août au 149e régiment d’infanterie encaserné à Epinal, en tant que simple soldat. Se battant avec bravoure, il contribue après la bataille de la Marne à capturer un groupe de 128 soldats allemands. Il connaîtra en 1915 les tranchées de l’Yser et de l’Artois. Rebuté par la vie dans les tranchées, il se porte volontaire pour l’aviation et y est accepté en août 1915 grâce à ses compétences techniques. Dirigé vers les écoles de pilotage, il en ressort breveté et affecté avec le grade de caporal à l’escadrille C 28 le 16 avril 1916 après avoir patienté près de deux mois et demi à la Réserve général e d’Aviation. La C 28 est une escadrille de réglage d’artillerie stationnant près de Reims volant sur Caudron G 4 à bord duquel le jeune André Martenot de Cordoux se passionne pour l’acrobatie avec son mitrailleur, le caporal Martin, qui en est aussi enthousiaste que son pilote. Les deux hommes remportent une victoire aérienne contre un LVG biplace dès le 20 mai 1916. André reçoit trois balles durant le combat (perte de deux orteils) et doit être hospitalisé. Promu au grade de sergent, il va rester plusieurs mois en rééducation et convalescence, sa jambe droite étant désormais réduite de plusieurs centimètres. Il ne reprend le chemin d’une escadrille que le 14 février 1917, en se rendant à la C 56, une autre escadrille de réglage d’artillerie stationnée près de Reims. Mais il ne reprend pas pour autant les commandes d’un Caudron bimoteur : réalisant son enthousiasme pour la chasse, ses supérieurs l’affectent au détachement N 513, une petite formation de 4 Nieuport de chasse désignés pour escorter les avions d’observation de l’escadrille à laquelle ils sont rattachés. La petite unité stationne durant la bataille du Chemin des Dames sur le terrain de la Noblette qu’elle partage avec l’escadrille N 38 où Martenot de Cordoux fait la connaissance du grand as Georges Madon et va beaucoup apprendre à son contact pour sa technique de combat. Lors d’une mission photographique menée durant la bataille, il est pris à partie par cinq Albatros de chasse et malgré la protection de deux équipiers est descendu dans les lignes françaises et de nouveau conduit à l’hôpital pour un courte période. Pendant ce temps, le détachement N 513 est fusionné le 1er juin 1917 avec deux autres détachements pour former l’escadrille N 94 s’installant à Melette, non loin de Châlons-en-Champagne, volant sur Nieuport 24 et 27. L’insigne adopté par le chef d’escadrille est un crabe qui fait l’unanimité contre lui chez les pilotes de l’unité et Martenot de Cordoux est à l’origine d’un nouvel insigne, devenu très célèbre dans l’aviation française : un squelette faisant une grande enjambée portant une faux, dit « La mort fauchant ». Il fait réaliser l’insigne chez un bijoutier parisien et le garde en se jurant de le reproduire sur son appareil dès qu’il en aura l’opportunité. Ce sera le cas au début du mois de mai 1918 quand les pilotes proposent ce choix au nouveau chef d’escadrille, qui l’accepte. Pour l’heure, André, promu adjudant en juin 1917, ouvre son tableau de chasse en descendant un biplace ennemi le 25 juillet suivant, appliquant les conseils de Madon. Volant désormais sur le premier SPAD de l’escadrille, la guerre change pour lui avec l’année 1918 quand son escadrille est regroupée avec 3 autres pour former le GC 18, lui-même incorporé dans la division aérienne du général Duval qui sera de tous les combats face aux offensives allemandes de printemps. Pour les meilleurs pilotes, c’est l’occasion de remporter de nombreuses victoires : ce sera le cas de Martenot de Cordoux, qui préfère voler sur SPAD VII qu’il juge plus maniable que le SPAD XIII. Il revendiquera pas moins de 10 victoires d’avril à octobre 1918, dont la moitié lui seront confirmées, terminant la guerre avec 7 victoires homologuées. Démobilisé en octobre 1919, il se retire à Billancourt et gagne sa vie en montant une affaire de promenades aériennes avec une petite flotte de 5 avions achetés parmi les surplus de guerre, et avec lesquels il participe à des meetings. Il se marie en 1925 et fonde une famille où nait une fille, et devient moniteur civil dans les années 1930 tout en restant officier de réserve. Quand éclate la seconde guerre mondiale, il est mobilisé en tant que capitaine de réserve au Centre d’Instruction de la Chasse à Chartres où il participe à la formation des élèves pilotes sur les avions de chasse Morane 406, Bloch 152 et Curtiss H-75. Durant la débâcle, il contribue à superviser l’évacuation de l’école qui à travers les routes de l’exode gagnera la côte Atlantique puis la Méditerranée. Démobilisé, il retourne à ses affaires privées à Paris et y subit l’occupation allemande, étant sympathisant de la résistance à laquelle il communique des informations. A la libération, il est rappelé à l’activité et travaille à un poste administratif de l’armée de l’Air jusqu’en 1946 où il est de nouveau démobilisé, et va exercer la profession d’ingénieur et d’électricien jusqu’à sa retraite. Il sera parmi les derniers as de l’aviation française de 14-18 à nous quitter, le 29 décembre 1991, à son domicile parisien du XIe arrondissement, à l’âge de 98 ans
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