Mitrailleuses et carabines

Achats de nouveaux avions

BB Nieuport

 

BB Nieuport
 
Rapport du capitaine Le Révérend
 

En septembre 1914 les Nieuport ont disparu des escadrilles et les usines qui les produisaient fabriquent alors des avions Voisin. Cependant Gustave Delage continue les études et présente le NXA2 équipé d’un moteur Gnome ou d’un Le Rhône 80, armé d’une mitrailleuse Hotchkiss.
De cette version biplace sortira le Nieuport XI dit « bébé ».

« Réserve générale d’aviation
Division Morane-Saulnier
Le Bourget, le 3 avril 1915

RAPPORT du Capitaine d’Artillerie LE REVEREND, au sujet des essais du biplan Nieuport.

Jusqu’au 30 Mars, le biplan Nieuport mis en essais à Villacoublay a été essayé par le Lieutenant bb nieuportROECKEL, l’adjudant CLEMENT, le Capitaine de Dragons BOUCHER et par moi.
Les deux premiers pilotes se sont montrés tout à fait enthousiastes de l’appareil qu’ils n’ont d’ailleurs monté que comme monoplace. Le Capitaine Boucher n’a monté l’appareil qu’une seule fois et il en a été très satisfait, puisqu’il a demandé à le piloter.
Pour mon compte, j’ai voulu faire des essais plus complets. J’ai fait une vingtaine de sorties sur ce biplan, et j’ai emmené des passagers six ou sept fois. L’appareil est très maniable et très agréable à piloter ; les commandes en sont très douces et il est facile. De plus, dans mes premiers essais avec 220 ou 225 kilos de charge, je suis monté à 1800 ou 1900 mètres en 17 à 18 minutes.

Une fois, je suis parti avec 245 kilos, et, mon moteur n’étant plus très brillant à partir de 1000 mètres, j’ai mis 26‘ pour arriver à 2000 mètres dont 20’ pour passer de l’altitude de 1000 mètres à l’altitude de 2000 mètres. Dans aucun des essais la mitrailleuse n’était en place ; cependant ces résultats pourraient être jugés comme suffisants, puisque, après une vingtaine de sorties seulement, je ne pouvais pas avoir l’appareil très bien en main, et un pilote plus entraîné aurait sans doute fait sensiblement mieux.
La montée pénible de mon avant dernier essai m’a donné des inquiétudes sur l’aptitude de cet appareil à fournir une carrière militaire à 2000 mètres d’altitude avec 250 kilos de charge, quand tous les éléments ne seraient plus favorables (toiles fatiguées, moteur faible ou hélice médiocre).
En essayant de me rendre compte de ce qui s’était passé, j’ai acquis la quasi-certitude que la Maison Nieuport se servait de deux hélices différentes pour faire ses essais de montée et ses essais de vitesse.
L’hélice habituellement en place sur le moteur a paraît-il les caractéristiques :
Diamètre  2.55
Pas 1.65
Cette hélice à grand diamètre a certainement un bon rendement pour la montée ; mais, avec un moteur tournant à 1250 tours environ, cette hélice ne semble pas capable de donner à l’appareil une vitesse supérieure à 123k750. Si cette hélice a donné réellement une vitesse de 145 kilomètres, le moteur devait tourner à plus de 1450 tours, ce qui est peu probable.
Je crois plutôt que la Maison Nieuport a employé pour faire ses essais de vitesse une hélice d’un pas sensiblement plus grand. Or le jour où j’ai fait le dernier essai de montée qui m’a donné des inquiétudes, j’avais annoncé à la Maison Nieuport que je voulais avec le biplan faire un essai comparatif TABUTEAU ; il est probable que la Maison Nieuport avait fait mettre sur le biplan l’hélice donnant la meilleure vitesse. Il en a résulté que ma montée a été pénible, d’autant plus que le moteur avait des faiblesses, et l’appareil s’est montré à 2000 mètres un peu plus rapide que le parasol. J’ai eu d’ailleurs l’impression que son excès de vitesse sur le parasol à 2000 mètres était moins grand qu’au ras du sol, mais je ne peux pas en être certain, car un seul essai ne peut être concluant. D’autre part il m’était difficile de refaire de nouvelles expériences avec la certitude d’arriver à des résultats précis et définitifs. Il serait intéressant de reprendre les essais aussitôt que la Maison Nieuport aura livré à l’armée des appareils qui seront installés sur un terrain militaire ou toute supercherie sera devenue impossible.
J’ai parlé de cette question des 2 hélices différentes pour la montée et pour la vitesse avec les 2 officiers intéressés du S.F.A. : le Capitaine CAMERMAN chargé des hélices et le Lieutenant DIETRICH chargé de réceptionner les Nieuport ; et ils surveilleront de près  les réceptions.
Il semble que la Maison Nieuport pourrait adopter une hélice moyenne donnant d’assez bons résultats, tant pour la montée que pour la vitesse. Je ne crois pas toutefois que l’on puisse obtenir dans ces conditions les résultats les meilleurs qui aient été vérifiés par le Lieutenant DIETRICH : 16’ à 17’ pour la montée à 2000 et 145 kilomètres de vitesse. Je crois cependant que le biplan Nieuport est un appareil qu’il est intéressant d’expérimenter le plus tôt possible en lui demandant un service d’escadrille. Sa maniabilité séduira beaucoup les pilotes.
Au point de vue militaire il y aurait deux améliorations à y apporter :
1°- Augmenter la voie du train d’atterrissage pour le rendre encore moins sensible au vent de côté.
2°-Augmenter la courbure des ailes ou la surface de ces ailes pour lui permettre de monter plus vite et de planer mieux, tout en perdant peu de vitesse.
Signé Le Révérend


Transmis à Monsieur le Chef de Service Aéronautique au G.Q.G. ce rapport très intéressant sur les essais du nouveau biplan Nieuport sous les auspices du chef de la Division Morane-Saulnier, et pour la suite à donner.
Le Bourget le 4 Avril 1915
Le Commandant de la RGA. »

(Document SHD)

Année de tous les dangers

Armement

Interrogatoire d'un prisonnier