2ème Réserve de Ravitaillement
• Organisation de la deuxième Réserve de Ravitaillement
« 2èmes RESERVES de Ravitaillement d’Aviation
SAINT-CYR
Saint-Cyr le 26 Novembre 1914
Le Chef d’Escadron DUPERRON, Commandant les deuxièmes Réserves de Ravitaillement de l’Aviation
A Monsieur le Chef de Bataillon. Directeur de l’Aéronautique
GRAND QUARTIER GENERAL
OBJET A/s de l’organisation de la Réserve des pilotes
J’ai l’honneur de vous rendre compte des difficultés qu’entraîne la création de la réserve générale de pilotes et d’avions à laquelle il n’est fourni pour le moment, aucun moyen d’existence.
I.- REGLEMENT DES FRAIS DE DEPLACEMENT.-
Pour éviter des complications d’écritures et des pertes de temps, j’ai dû autoriser le Capitaine BERTIN à établir des ordres de service pour le personnel placé sous son commandement et prescrire à l’Officier chargé du règlement des frais de route de payer ces frais sur le vu des ordres de service revêtus de la signature du Capitaine BERTIN.
Cette manière de faire irrégulière pourrait attirer des observations du service de l’Intendance et engager ma responsabilité dans une question où il m’est difficile d’intervenir sans nuire au bon fonctionnement de la réserve des pilotes et sans provoquer des conflits d’attributions.
II.- PRISE EN CHARGE DU MATERIEL.-
Conformément à vos ordres verbaux, je dois adresser au Capitaine Bertin tous les pilotes venant des escadrilles pour prendre livraison d’avions neufs.
Or, le Commandant de la réserve d’avions n’étant pas accrédité auprès des constructeurs, ne peut faire toucher du matériel que sur un bon signé de moi.
Il en est de même lorsque cet officier reçoit l’ordre de faire partir pour l’avant un pilote et un avion de complément ou de remplacement.
D’autre part, les avions usagés doivent être régulièrement versés aux deuxièmes réserves.
Il en résulte que j’ai demandé au Commandant de la réserve d’avions de me fournir des reçus constatant que les appareils délivrés par le Service des Fabrications de l’Aviation sont au complet et que d’autre part je suis tenu d’envoyer en même temps un représentant de la 2ème réserve pour prendre livraison des objets que les constructeurs doivent fournir avec les avions neufs.
Cette manière de faire a l’inconvénient de nécessiter une double intervention et d’obliger mon comptable du matériel à refuser la prise en charge de tout objet facturé par le Service des Fabrications de l’Aviation dont la livraison ne serait pas dûment certifiée par le Capitaine Bertin.
III.- PREPARATION ET REGLEMENT DES CONTRATS PASSES AVEC LES CONSTRUCTEURS POUR L’INSTRUCTION DES ELEVES DE LA RESERVE DE PILOTES.-
J’ai dû, pour accélérer la formation des élèves à mettre d’une marque sur l’autre, passer même avant la création de la réserve générale des pilotes, des conventions avec différents constructeurs.
Or le Directeur du Service des Fabrications de l’Aviation a demandé par une lettre dont ci-joint une copie (lttre n° 4504 du Directeur du S.F.A.) de lui transmettre ces conventions. A la suite de ma correspondance annexée également au présent rapport (lettre 693 du Capitaine Duperron), cet Officier supérieur m’a envoyé la copie d’un ordre ministériel à ce sujet (dépêche Ministérielle 2206/12).
Il me paraît d’après cela que les attributions du Commandant des deuxièmes réserves et du commandant de la réserve des pilotes seraient à définir le plus rapidement possible pour éviter toute réclamation de la part des services de l’intérieur.
IV.- REPARATION DES AVIONS CASSES A LA RESERVE DES PILOTES.-
Pour solutionner le plus rapidement possible les questions relatives aux réparations, j’ai pris la décision de servir d’intermédiaire entre le Commandant de la Réserve de pilotes et le Directeur du Service de Fabrication de l’aviation.
Lorsque la réparation des avions peut se faire dans mes ateliers en moins de 15 jours, je l’ordonne ; dans le cas contraire, j’avise le Service des Fabrications de l’Aviation d’avoir à enlever l’avion cassé et à la faire réparer.
Malgré plusieurs rappels au Service des Fabrications de l’Aviation, un avion brisé se trouve encore à Bois d’Arcy quatre jours après l’accident.
En résumé, toutes les mesures que j’ai prises l’ont été dans le seul but d’assurer avant tout le plus rapidement possible et le mieux possible l’exécution des ordres donnés.
Le travail qui en résulte pour moi et mes subordonnés est considérable et malgré tous les efforts fournis, des réclamations et des contestations ne manqueront pas de se produire.
Je vous demande, en conséquence, de vouloir bien hâter l’organisation définitive de la Réserve de Pilotes qui, à mon avis, ne peut être réalisée qu’en donnant à son Chef, tous les moyens d’exécution, qualité d’ordonnateur, personnel administratif et d’exécution. »
« 2èmes RESERVES de Ravitaillement d’Aviation
SAINT-CYR
Saint-Cyr le 26 Novembre 1914
Le Chef d’Escadron DUPERRON, Commandant les deuxièmes Réserves de Ravitaillement de l’Aviation
A Monsieur le Chef de Bataillon. Directeur de l’Aéronautique
GRAND QUARTIER GENERAL
OBJET A/s
N° 1024
2 PIECES JOINTES
J’ai l’honneur de vous adresser ci-inclus les copies de deux lettres du Service des Fabrications.
Par la première de ces lettres le Directeur Adjoint de ce Service m’autorise, sur ma demande, et pour faciliter et accélérer le ravitaillement, à acheter directement chez les industriels de la région parisienne les menus objets nécessaires aux formations de l’aviation de l’avant.
Par la seconde, le Commandant Stammler m’avise qu’en vertu d’ordres ministériels, il interdit aux constructeurs de moteurs d’aviation, de me livrer directement des pièces.
Je vous rends compte que cette décision entraînera dans certains cas, des retards importants dans l’envoi du matériel aux Escadrilles.
J’avais, en effet, constaté en arrivant à Saint-Cyr que mes demandes journalières de matériel n’étaient pas transformées en bons de commande avec toute la célérité désirable par le Service des Fabrications et que souvent ces demandes étaient perdues de vue pendant plusieurs jours.
D’autre part, je savais que le matériel demandé se trouvait le plus souvent disponible chez les constructeurs et qu’il n’y avait qu’à en prendre livraison.
Le procédé que j’avais proposé me semblait le plus commode et le plus simple, et convenait aux circonstances actuelles. Je regrette qu’il soit abandonné et je décline à l’avance toute responsabilité au sujet des conséquences que peut avoir l’emploi de la méthode normale et réglementaire.
Toutefois je dois reconnaître que si le Service des Fabrication me donnait satisfaction en ce qui concerne la livraison immédiate aux 2èmes réserves des pièces de rechange disponibles chez les constructeurs à valoir sur mes commandes globales et sans attendre de nouvelles demandes de ma part, je serais en mesure de fournir le matériel nécessaire aux formations de l’avant dans les conditions de rapidité les meilleures.
J’ai réclamé, en vain, à diverses reprises, l’envoi aux 2èmes réserves, de matériel qui se trouvait sans emploi immédiat en magasin chez les fournisseurs.
En conséquence, je soumets à votre approbation la proposition suivante :
Tant que les rechanges des avions et moteurs, derniers modèles, ne sont pas encore approvisionnés en quantité suffisante dans les magasins de la deuxième réserve, inviter le Service des Fabrications de l’Aviation, à délivrer sans délai après réception, toutes les pièces détachées disponibles chez les Constructeurs.
Cette manière de faire permettrait de sauvegarder les attributions du Service des Fabrications et de se conformer strictement aux instructions ministérielles tout en obtenant le rendement maximum ».
(Document SHD)