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Romatet, Jean. Né le : 23 mai 1893 à Borgo (Corse). Mort le : 15 mai 1975 à La Bazoche-Gouet (28). Profession avant la mobilisation : militaire, St Cyrien. Passé à l'aviation le : 5 décembre 1916 comme observateur. Brevet militaire le : 8 novembre 1917, pilote. Parcours : 8e chasseurs à cheval. Affectations : N 38 (observateur), puis pilote. SPA 76, SPA 165. 7 victoires. Jean Charles Romatet naît le 23 mai 1893 à Borgo, en Corse, où son père gendarme est affecté. Il suit sa famille à Marseille par la suite et, en 1912, réussit le concours d’entrée à l’Ecole Militaire de St -Cyr, et passe ainsi sa première année dans la troupe à compter du 10 octobre 1912 au 8e régiment de chasseurs à cheval d’Auxonne, puis intègre l’école avec le grade d’aspirant. Sa formation militaire est écourtée par la guerre qui le renvoie le 12 août 1914 au 8e régiment de chasseurs à cheval, avec le grade de sous-lieutenant. Il se bat alors dans la Meuse, participe à la bataille de la Marne et aux combats sur l’Yser. Promu lieutenant mais sans doute lassé de cette vie de fantassin, Romatet, volontaire pour l’aviation, y est accepté en décembre 1916 comme observateur.
Il est alors affecté à l’escadrille N 38, une escadrille d’armée comprenant des biplaces de reconnaissance, et suit un stage de tir à l’école de Cazaux. Après presque six mois de missions de reconnaissance, le lieutenant Jean Romatet souhaite se porter volontaire pour être pilote. Une fois breveté, il est affecté le 22 février 1918 à la SPA 76 stationnant à Royaucourt, sur le front de la Meuse. L’unité stationne près de Reims lors des premières offensives allemandes du printemps, puis dans le secteur de Verdun loin des combats. Ce n’est que le 28 mai qu’elle est envoyée près de Compiègne au cœur de l’action le jour même où le lieutenant Romatet obtient sa première victoire en contraignant un biplace LVG C à se poser dans nos lignes. Il remporte 3 autres victoires jusqu’en juillet, dont deux biplaces capturés puis prend le commandement de la nouvelle SPA 165, qui se forme le 2 août 1918. Menant ses jeunes pilotes au combat, il y remporte trois nouvelles victoires. Après l’armistice, le lieutenant Jacques Romatet poursuit une brillante carrière militaire à des postes opérationnels puis d’état-major jusqu’au grade de général de brigade aérienne qu’il obtient le 15 mars 1939. Romatet se retrouve en 1940 à la tête du groupement de chasse 23 dont le PC est à Laon, et qui supporte tout le poids de l’offensive allemande. A la supériorité technique allemande s’ajoute la gabegie au sein du commandement, comme cet ordre d’attaque du 17 mai 1940 donné par Romatet et annulé par Pinsard pour une querelle de prérogatives…. Après le désastre de 1940, et les évènements de Mers-El-Kébir, les Allemands laissent au gouvernement de Vichy un certain potentiel défensif en lui permettant de conserver une force aérienne, dite armée de l’air d’armistice, qu’ils contrôleront soigneusement. Le général Jean Romatet prend la tête de cette armée d’armistice. Il est nommé chef d’état-major le 23 septembre 1940, et récompensé par une troisième étoile de général de division aérienne le 25 décembre 1940 puis une quatrième de général de corps d’armée le 1er novembre 1942. Malheureusement l’essentiel du matériel est livré à l’occupant. Qui plus est, cette armée de l’air d’armistice est amenée à défendre la Syrie attaquée par les Britanniques et les Français libres en 1941. Battue malgré une supériorité numérique, elle a de surcroît combattu pratiquement en tant que cobelligérante de l’Allemagne. Cette compromission ne semble pas poser de problème au général Romatet. Suite à l’invasion de l’Afrique du Nord par les alliés en novembre 1942, les Allemands franchissent la zone de démarcation et démantèlent alors l’armée de l’Air. Le général Romatet tente alors de s’accrocher à son poste en revendiquant le fait de superviser sa démobilisation. Quand il constate que les Allemands ne veulent se servir que des stocks et infrastructures, il se réveille et dans un sursaut d’orgueil donne sa démission en mars 1943 et est mis à sa demande en congé d’armistice. Quand surviennent les combats de la libération, il se met à disposition des FFI d’Auvergne le 18 août 1944, deux jours après la fin des combats sur le secteur… Le général Jean Romatet cherche alors à retrouver un commandement en écrivant une longue lettre au ministre de l’Air Charles Tillon en septembre 1944. Résistant communiste de la première heure, sa réponse du 17 octobre 1944 est cinglante, avec entre autres ces phrases : "Quand les Allemands ont envahi la zone libre en 1942 les forces aériennes n’ont pas livré combat comme normalement cela aurait dû se produire. Le général Jannekeyn et vous, avez refusé de vous battre pour l’ennemi. Cela ne constitue pas un titre à l’admiration et à la reconnaissance de la France. Il aurait fallu se battre contre lui, vous avez transigé avec votre honneur militaire puisque vous n’avez pas combattu » Puis plus loin : « Vos matériels et vos installations ont été mis à sac et au pillage, cela prouve que les mesures conservatrices dont vous voulez tirer gloire n’avaient servi à rien. En présence de l’ennemi une seule règle est valable : COMBATTRE. » La Haute Cour de Justice saisie de son dossier conclut le 30 octobre 1946 que son dossier ne contient pas de fait susceptible de l’inculper de poursuites pénales. Il ne sera de fait pas poursuivi pour faits de collaboration, mais la commission d’épuration de l’armée de l’Air présidée par le général Cochet insiste sur le caractère regrettable de l’attitude du général Romatet durant la guerre. Mis à la retraite d’office le 30 mai 1947 par décision du ministre de l’Air, Jean Romatet mène alors une longue bataille juridique contre cette sanction qu’il estime injuste et multiplie les recours et procédures jusqu’en 1973 où un arrêt du Conseil d’Etat lui donne définitivement tort, le condamnant aux dépens. Jean Romatet décède le 15 mai 1975 à l’âge de 82 ans.
Victoires
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