Rapport du Général Roques, octobre 1911

Situation financière au 15 novembre 1911

 Rapport du Général Roques, octobre 1911

 

Rapport du Général Roques, octobre 1911  A la date du 8 juin, sous le N 67, j'ai eu l'honneur de vous adresser des propositions au sujet des crédits qui seront nécessaires, en 1912, pour les besoins des services de l'aviation.
Je crois devoir rappeler ci-dessous les principaux passages de cette lettre.
"En prenant pour base les résultats obtenus lors des manoeuvres de Picardie en 1910, et dans d'autres manoeuvres qui ont eu leiu depuis, on peut admettre que le service de l 'aéronautique d'un Corps d'armée exigera l'emploi de 8 aéroplanes.
Un nombre plus considérable serait désirable, mais eu égard aux sujétions actuelles que comporte l'emploi des appareils, on ne pourrait dépasser ce chiffre qu'au prix d'impedimenta hors de proportion avec les résultats à atteindre.
Cette même considération s'oppose, pour le moment à l'emploi d'aéroplanes dans les formationa inférieures aux Corps d'armée.
Si donc nous voulons doter de 8 aéroplanes nos 6 armées, nos 20 Corps d'arme de première ligne, nos 6 places fortes du Nord-Est et du Nord (BELFORT - EPINAL - TOUL - VERDUN - MAUBEUGE - DUNKERQUE), les 6 principaux ports de commerce munis...
Rapport du Général Roques, octobre 1911  d'une organisation défensive (LE HAVRE - NANTES - BORDEAUX -MARSEILLE - ALGER - ORAN), nous arrivons à un total de 38 x 8 = 304 appareils, en supposant que l'organisation aéronautique de nos ports de guerre soit laissée aux soins du Département de la MARINE.
Ce chiffre de 304 appareils ne représente qu'un premier effort, car d'une part, il faudra songer ultérieurement à outiller nos formations de 2ème ligne et à constituer une réserve générale, et, d'autre part, le nombre d'appareils par Corps d'armée augmentera à mesure que les progrès réalisés rendront ces engins moins encombrants et d'un emploi plus facile.
J'estime donc que nous devons avoir, dans le courant du prochain exercice, 304 appareils prêts à entrer en action au premier signal. Ces appareils devront être en excellent état et des meilleurers modèles, de façon à pouvoir se mesurer avantageusement avec les aéroplanes de l'ennemi.
C'est à dire qu'ils devront être entièrement acquis en 1912 et ne devront voler que dans la limite nécessaire pour leur entretien.
Les appareils acquis précédemment seront consacrés à l'instruction et à l'entrainement des aviateurs.
Il serait prématuré de faire des prévisions pour 1913. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il faudra commencer par remplacer, dans les formations de mobilisation, les 304 appareils acquis en 1912, lesquels passeront au service de l'instruction, puis acheter un certain nombre d'autres appareils tant pour les formations de seconde ligne, que pour faire face à un emploi plus généralisé de l'aviation aux armées.
Ainsi, la vie d'un appareil d'aviation peut être fixée à deux ans. Pendant la première année, il est affecté aux formations de mobilisation et ne vole que pour s'entretenuir. La deuxième année l'use dans l'instruction et l'entrainement des pilotes,
Rapport du Général Roques, octobre 1911

 et je terminerais en disant:
J'ajoute que l'aviation est devenue une nécessité militaire.
Les aéroplanes sont désormais aussi indispensables aux armées, que les canons ou les fusils.
C'est une vérité qu'il faut accepter de bon gré, sous peine d'avoir à la subir de force.
C'est, il est vrai, une nouvelle charge pour le Budget, mais le poids en sera d'autant moins lourd qu'il sera accepté plus résolument.
A hésiter, à vouloir ajourner les dépenses, nous ne les réduirons certainement pas, mais nous perdrons sûrement le bénéfice que, faites opprotunément, elles sont susceptibles de nous procurer."
Les manoeuvres faites en 1911, aussi bien dans les places fortes de VERDUN et de TOUL, au cours des exercices de tir de siège et de place, qu'au Camp de CHALONS, au cours des exercices de tir de l'artillerie de campagne, qu'au Camp de MAILLY pour la cavalerie, et, enfin, qu'aux manoeuvres d'ensemble du 6° et du 7° Corps, ont confirmé les prévisions de ma lettre susvisée et fait ressortir le caractère de STRICT MINIMUM que présentent ces prévisions.

Elles ont donné, en même temps d'utiles indications sur la nature et la composition du matériel (rechanges, outillages, voiture) qui doit accopmpagner les aéroplanes en campagne.
Les progrès réalisés par l'Aéronautique Militaire Française ont eu, en ALLEMAGNE, un retentissement qui a modifé les idées officielles sur l'aviation.
D'après des renseignements communiqués à l'INSPECTEUR PERMANENT par le 2° Bueau de 'Etat-Major de l'Armée le

roques 4v Prince HENRI de PRUSSE aurait présenté à l'Empereur d'ALLEMAGNE un rapport, concluant à l'ouverture d'un crédit de 25 à 30 millions de marks pour la construction "d'un nombre quadruple des appareils en service en FRANCE."
Les articles du Colonel von PUSTAU, qui a suivi les manoeuvres françaises, et dans lesquels il prévoit, pour l'Allemagne, le "démoralisation" et la "catastrophe" si elle ne suit pas résolument l'exemple de notre pays, ne pourront qu'aider à l'approbation des projets du prince HENRI.
Il ne faut donc pas se le dissimuler: les Allemands vont faire tous leurs effeorts pour nous atteindre et même pour nous dépasser.
Mais j'ai la conviction que, si nous le voulons, nous pouvons augmenter, pendant encore au moins 18 mois, notre avance actuelle.
Au cours de cette période de temps, en effet, les Allemands vont passer par la phase de tatonnement de toute opération à ses débuts, et la courbe de leurs progrès, si on considère le nombre de bons appareils, montés par des pilotes éprouvés, à mettre en ligne, sera à peu près horizontale.
Nous avons au contraire, résolu tous les problèmes de détail, il ne dépend que de nous de donner à la courbe de nos progrès une allure franchement ascendante.
Pour cela il faut:
1°- que le Parlement vote, dès sa rentrés, le crédit supplémentaire de 5 millions, dot la demande a été préparée par vos bureaux au titre de 1911.
2°- que le crédit de 22.111.000 francs que je demandais par ma lettre N 67 S, du 8 Juin dernier soit inscrit au Budget de 1912.
La décomposition de ce crédit, telle qu'elle figurait
Rapport du Gl Roques, octobre 1911

dans ma dite lettre, doit cependant être modifiée pour tenir compte de l'enseignement des manoeuvres et, notamment, pour doter d'aéroplanes nos divisions de cavalerie et nos troupes de couverture, mais le chiffre de 304 appareils, prévu, peut ne pas être modifié, en ajournant, jusqu'en 1913, l'organisation du service de l'aviation dans nos places côtières, sauf au HAVRE, qui servira de premier champ d'expérience.
Il est possible toutefois que, comme je le faisais observer dans ma lettre du 18 juin mentionnmée, nous soyions amenés à faire au moyen des crédits supplémentaires, un effort plus grand dès 1912, si les progrès réalisés à l'étranger le nécessitaient.
Enfin pour l'éventualité de crédits supplémentaires doit être envisagése pour le cas où aboutiraient, à un résultat acceptable, les études actuellement en cours, par votre ordre, au sujet du régime de prime à allouer aux propriétaires d'appareils susceptibles d'être utilisés en temps de guerre.

   

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