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Pinsard, Amand. Né le : 29 mai 1887 à Nercillac (16). Mort le : 10 mai 1953 à Ceyzériat (01). Profession avant la mobilisation : aviateur militaire. Passé à l'aviation le : 28 mai 1912. Brevet militaire en : juillet 1912. Affectations : N 26, N 78, SPA 23.
27 victoires, 9 combats non homologués
Amand Pinsard nait le 29 mai 1887 à Nercillac dans une famille d’agriculteurs de Charente. Son père devient directeur de travaux dans une entreprise d’exploitation de gypse et lui trouve un emploi de garçon de bureau dans sa compagnie. Mais le jeune homme rêve d’aventures et s’engage dans l’armée en février 1906 au 2e régiment de Spahis avec l’ambition de servir en Afrique du Nord.
Quelques semaines plus tard, il fait ses classes dans son nouveau régiment à Sidi-Bel-Abbès en Algérie. Il fait ensuite campagne au Maroc contre des tribus rebelles, et, promu brigadier, retourne en France en septembre 1908 une fois son engagement terminé. Il décide alors de se rengager dès le mois de décembre en intégrant le 1er régiment de chasseurs à cheval, préparant le concours d’entrée à l’école de St Cyr. Son niveau d’éducation assez limité lui en interdira de fait l’accès… Promu au grade de maréchal des logis en juillet 1910, il découvre l’aviation militaire alors naissante lors d’un cantonnement à Etampes durant l’été 1911. S’y portant volontaire, il y est transféré en mai 1912 et, après instruction, obtient son brevet de pilote militaire (n°467) le 8 novembre 1912. Pilotant ensuite le Blériot, il est affecté à la nouvelle escadrille BL 18 à Epinal au mois de novembre 1913, et se trouve à Villacoublay en train de s’entraîner sur Blériot Parasol quand éclate la guerre. On l’affecte à la nouvelle escadrille MS 23 avec laquelle il part en Lorraine effectuer des missions de reconnaissance et occasionnellement de bombar-dement. Promu adjudant en septembre 1914 puis sous-lieutenant deux mois plus tard, il est contraint de se poser dans les lignes ennemies en février 1915 où il est capturé. Connaissant plusieurs prisons allemandes, il multiplie les tentatives d’évasion jusqu’à ce qu’il soit transféré dans une prison à Ingolstadt en Bavière. De là il parviendra effectivement à s’évader en compagne d’un autre aviateur, le capitaine Ménard, en gagnant à pied la Suisse puis la France le 10 avril 1916. Les deux hommes sont fêtés en héros et après un réentrainement, vont être affectés à l’escadrille N 26 dont Ménard prend le commandement. Pinsard, pour sa part, est promu lieutenant et a l’honneur de recevoir le tout premier chasseur SPAD VII à gagner le front et avec lequel il fait plusieurs vols, revendiquant à son bord plusieurs victoires qui ne lui sont pas homologuées. Son premier succès officiel est remporté le 1er novembre 1916. Au mois de décembre 1916 il prend le commandement d’une escadrille nouvelle, la SPA 78, où son tableau de chasse va s’étoffer de nombreuses pièces obtenues aux commandes de son SPAD VII dont le fuselage est entièrement peint en noir. Honoré du communiqué aux armées du 7 mars 1917 pour son 5e succès, il en comptera 16 au mois de juin 1917 quand il est victime d’un grave accident sur son terrain, son SPAD s’écrasant à l’atterrissage. Victime d’une commotion cérébrale, il est quitte pour plusieurs mois de
convalescence et reprend la lutte le 30 septembre 1917 en recevant le commandement de son ancienne escadrille, la SPA 23, où il est promu capitaine. Diminué physiquement, il privilégie l’attaque des ballons captifs ennemis, les Drachen, et finit la guerre avec un total de 27 victoires homologuées dont 9 ballons. Après l’armistice il reste dans l’armée en tant qu’officier d’active et gravit tous les échelons de l’aviation militaire, traînant cependant une réputation de chef brutal et inflexible à tous les postes où il passe et notamment au 34e régiment d’aviation de Paris où il commande un groupe de chasse, avec le grade de commandant qu’il obtient en 1923. A cette réputation sulfureuse s’ajoute une affaire bien réelle de corruption quand il accepte en 1929 une rétribution d’une société aéronautique en échange de son appui pour une commande. L’affaire est étouffée par le ministre Laurent-Eynac et par son successeur qui tirent profit d’une mise en congé maladie pour syndrome dépressif jusqu’en 1931, officiellement une séquelle de son traumatisme crânien de 1917. Progressant ensuite dans sa carrière en étant nommé Lt-colonel puis colonel en 1936, il atteint le grade de général de brigade aérienne en février 1939. Quand éclate la seconde guerre mondiale, en tant qu’un des « papes » de la chasse française, il se voit confier le commandement du Groupement de Chasse n°21 installé dans la vallée de la Basse-Seine, volant personnellement sur un Morane 406 entièrement noir et argent avec lequel il effectue quelques missions de guerre. Son commandement ne sera pas des plus brillants dans la campagne et sera très critiqué par le général Heurtaux, comme lui ex-as de 14-18 devenu inspecteur général de la chasse. Il conteste notamment le fait de devoir envoyer certaines de ses escadrilles en renfort d’un autre groupement, ce qui retarde leur transfert effectif alors que les troupes allemandes progressent à vitesse éclair sur le territoire national… Son poste de commandement est pulvérisé par une bombe ennemie le 7 juin 1940 et, grièvement blessé, il doit être évacué dans un hôpital parisien- Réfugié en zone sud, il finit son traitement et sa convalescence au Cannet dans les Alpes Maritimes et rumine sur les causes de la défaite en fustigeant l’état d’esprit du peuple français qu’il considère porté au désordre et à l’indiscipline. Il s’en ouvre dans une lettre au maréchal Pétain d’une grande virulence — au point qu’elle rende dubitatif le censeur de Vichy qui l’analyse — et dans laquelle il demande des mesures très énergiques. Du Cannet, il ne manque pas de dénoncer à la police sa voisine qui écoute radio-Londres… Rétabli, il gagne alors Vichy pour y militer pour la libération du constructeur Emile Dewoitine, embastillé sur ordre du gouvernement. Il ne fait pas cela de manière désintéressée, mais étant rétribué par le gouvernement japonais qui voudrait bien le faire travailler pour son compte. Bien que décoré de la francisque, il est expulsé de Vichy par le général Bergeret, ministre de l’Air, et s’installe à Paris début 1942. C’est là qu’il bascule dans la collaboration en fréquentant les cercles collaborationnistes de la capitale, lesquels le recrutent en août 1943 en lui proposant un poste à la société des amis de la Légion des Volontaires Français – la LVF combattant auprès des Allemand sur le front de l’est. C’est un poste honorifique, mais qui apporte à la LVF une caution morale officieuse de l’armée française qui lui fait défaut car le gouvernement de Vichy a interdit aux officiers d’active de s’y engager… Se plaignant de l’inutilité de son poste, Pinsard obtient en juin 1944 sa nomination comme directeur général des services civiques de la LVF qui resteront une coquille vide car la libération du pays se profile. Pinsard est arrêté à son domicile le 1er septembre 1944 et interné à la prison de Fresnes, où il sera jugé pour faits de collaboration et condamné le 6 novembre 1944 aux travaux forcés à perpétuité et confiscation des biens. Sa peine sera commuée en 1946 à 10 ans de prison, puis libéré en 1947 et rétabli dans ses droits à pension de général en 1948, cinq ans avant son décès survenu en 1953.
Au verso: Escadrille MS 23. Préparatifs de départ de l'aviateur Pinsard qui a été déposer un de nos espions dans les lignes boches. Amiens le 24 novembre 1914. [Lecou]
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