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Dorme, René. Né le : 30 janvier1894 à Eix-Abaucourt (55). Mort le : 25 mai1917, Fort de la Pompelle (51), au combat. Profession avant la mobilisation : militaire. Passé à l'aviation à : fin 1914. Brevet militaire le : 5 juin 1915. Affectations : 7e groupe d’artillerie à pied, escadrille 94 du CRP, N 3. 23 victoires, 32 combats non homologués.
René Gaston Marie Dorme naît le 30 janvier 1894 dans la commune d’Eix Abaucourt (Meuse) dans une famille de la classe moyenne provinciale dont le père est chef de gare. Ses parents sont quadragénaires et le tout jeune René tient de l’enfant du miracle, venu au monde longtemps après deux grandes sœurs mais surtout un an et demi après un frère décédé en bas-âge. Choyé, il gardera toute sa vie une affection fusionnelle pour ses parents qu’il appelle affectueusement « mes vieux parents » dans ses écrits. La famille s’installe quelques années plus tard à Briey où son père a obtenu une mutation, qui se trouve à quelques kilomètres de la frontière allemande de l’époque de la Lorraine annexée. Grandissant dans un milieu catholique et patriote, il se montre particulièrement doué à l’école puisqu’il obtient son certificat d’études et se retrouve employé chez un avoué de Briey qui le prend en affection en l’invitant à la chasse et l’initiant à la mécanique en lui permettant de conduire et d’entretenir sa voiture. Le jeune homme envisage d’entreprendre des études de droit mais doit s’acquitter de son service militaire, qu’il effectue à l’âge de 20 ans. Il décide de devancer l’appel en s’engageant pour une durée de 3 ans en 1912, se retrouvant affecté au 7e groupe d’artillerie à pied à Bizerte en Tunisie où son niveau d’éducation lui permet rapidement de prendre du galon et d’être nommé au grade de maréchal des logis. C’est dans cette position qu’il se trouve quand éclate la guerre. En tant que gradé, son travail consiste à veiller à la distribution d’effets militaires aux mobilisés qui affluent au camp, un travail qu’il qualifie de « garde-mite » et qui ne lui plaît guère à ce qu’il en écrit à ses parents dans ses lettres quotidiennes. Mais celles-ci restent sans réponse : la ville de Briey a été occupée par les troupes allemandes et ses parents sont désormais aux mains de l’envahisseur. Il n’aspire dès lors qu’à aller combattre en France et se porte volontaire pour l’aviation où il est accepté en en décembre 1914, gagnant Lyon où il est en fait désigné pour faire de l’instruction à de jeunes recrues. Il finit par gagner le centre d’aviation de St-Cyr (Versailles) en janvier 1915 près du domicile d’une de ses sœurs où finalement le mois suivant il part
en école de pilotage à Buc sur Caudron G.3. Après un passage à l’école de Pau, il se rend à St-Cyr passer les épreuves du brevet et a la joie de retrouver chez sa sœur ses parents renvoyés en France par les Allemands mais dépossédés de tous leurs biens. Dès lors, pour Dorme, la guerre prend plus encore la tournure d’une vendetta personnelle. Breveté en juin 1915, il est affecté non sur le front mais au Bourget à l’escadrille C 94 du Camp Retranché de Paris, une affectation qu’il déplore car très éloignée du danger mais qui aura l’avantage de lui permettre de s’aguerrir au pilotage. Il décide d’aller croiser le fer avec l’ennemi en organisant de son initiative deux raids clandestins sur les lignes sur son Caudron G.4, tirant sur un avion ennemi lors du second le 3 avril 1916. Si la victoire n’est pas confirmée, il sera en revanche cité et obtiendra la mutation dans la chasse, intégrant la célèbre N 3 sur le terrain de Cachy le 27 juin 1916. René Dorme s’y distingue vite en remportant sur son Nieuport 16 une victoire homologuée dès le 9 juillet 1916. Il en remportera de nombreuses autres sur la Somme en battant tous les records de progression (cité au communiqué du 24 août 1916 pour sa 5e victoire) puisque son tableau de chasse se monte à la fin de l’année 1916 à 16 victoires homologuées et 18 non-homologuées car tombées trop loin dans les lignes ennemies. Peu lui importe car il attache plus d’importance à tuer des Allemands, même si toutefois on devine qu’il ambitionne de dépasser le score de l’as de as Georges Guynemer qui vole dans son escadrille, et qu’il peste contre le fait d’avoir eu très tardivement la croix de la Légion d’honneur. En effet, issu d’une famille de petits fonctionnaires, il ne fait pas partie du « monde » et ne se mélange d’ailleurs pas avec les as officiers de son escadrille qui constituent le club de « la bande noire ». Dorme n’y est pas invité malgré son palmarès ; il est de plus le dernier servi pour se faire affecter un SPAD VII qui sont livrés à la N 3 dès septembre 1916 et vole jusqu’à la fin de l’année sur son Nieuport 17 baptisé « Père Dorme » et décoré d’une croix de Lorraine verte. Dorme est contraint à un repos forcé en décembre 1916 après une blessure au bras. Promu sous-lieutenant en janvier 1917, il reprend la lutte en février 1917 sur un SPAD qu’il a enfin pu se faire attribuer, la N 3 étant désormais basé à Bonnemaison dans la Marne, en prévision de l’attaque du Chemin des Dames. Il disparaît le 25 mai 1917 en fin de journée lors de sa 3e mission de la journée, dans des circonstances inconnues. En 623 heures de vol sur l'ennemi et 120 combats, René Dorme a obtenu 23 victoires homologuées et 32 probables.
Manoncourt, SPAD VII S514, utilisé par Dorme du 13 février au 8 avril 1917 avec lequel il obitent une victoire le 25 mars.
.La Guerre Aérienne Illustrée N° 41 La Guerre Aérienne Illustrée N° 57 La 18ème victoire. La Guerre Aérienne
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