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Chaput, Jean. Né le : 17septembre 1893. Mort le : 6 mai 1918. Profession du père : chirurgien. Profession avant la mobilisation : étudiant. Passé à l'aviation le : 17 octobre 1914. Brevet militaire le : 21 novembre 1914. Affectations : C 28, N 57. 16 victoires, 6 combats non homologués.
Jean Chaput naît le 17 septembre 1893 dans une famille très aisée de la grande bourgeoisie parisienne puisque son père, le docteur Henri Chaput, est un chirurgien de réputation nationale. Il connait une enfance heureuse avec sa sœur mais le décès prématuré de sa mère amène les premières difficultés. Son père, qui ne se remarie pas, a de grandes ambitions pour son fils qui n’est pas du tout disposé à devenir chirurgien et se passionne surtout pour le sport, en particulier pour l’aviation. Les disputes familiales sont fréquentes, mais un compromis est trouvé : Jean fera des études d’ingénieur et en échange son père lui paiera les cours de pilotage qu’il demande. Il obtient de ce fait son brevet de pilote civil à l’école Nieuport le 10 juillet 1914, quelques semaines avant que n’éclate la guerre au mois d’août. Sans avoir fait son service militaire, Jean Chaput est alors mobilisé comme simple soldat au service aéronautique au camp de St-Cyr, près de Versailles où la désorganisation ambiante fait qu’il est plus ou moins livré à lui-même. Le 12 octobre il écrivait à sa soeur : "... Depuis mon retour à St Cyr, je me suis occupé d'un appareil que j'avais trouvé dans un hangar. Il avait l'air épatant, mais il faisait peur à tout le monde. C'était un avion blindé très rapide. Aussi la première fois y ai-je été avec beaucoup de prudence et bien m'en a pris, car à la première secousse au décollage, la commande de gauchissement s'est cassée net, ce qui était très peu intéressant. Si cela m'était arrivé en l'air j'étais sûr de mon affaire. Aussi ai-je redémonté le taxi et je l'ai remis où il était...".
En novembre 1914 il est envoyé en école de pilotage militaire, d’où il sort au début de l’année 1915 pour être affecté à l’escadrille C 28 sur Caudron G.3 sur le front de la Somme, avec le grade de caporal qu’il fête à sa
façon.
« Pour fêter ma nomination de caporal, j'ai fait prendre des positions indécentes à mon Caudron en lui mettant les pattes en l'air. Pour finir j'ai fait le looping complet, au grand scandale des officiers car ces fantaisies ne sont pas encore admises dans l'armée. Mais mon coffre qui n'était pas fermé s'est vidé sur ma figure et je me suis retrouvé nageant au milieu d'une quantité d'objets disparates : compas, trousse à outils, appareil photographique, etc... J'ai rattrapé au vol les choses les plus précieuses. » Après avoir rencontré et affronté un premier avion à la carabine, il se passionne pour la chasse et démontre ses talents de pilote au point que son chef d'escadrille lui obtient un Morane Parasol de chasse au mois de mai 1915 où il est promu sergent. C'est toutefois sur un Caudron G.4 d'observation qu'il obtient une victoire homologuée le 22 novembre 1915, qui lui permet d'être muté dans une escadrille de chasse. Son troisième succès est obtenu contre un Fokker E III sur lequel il lâche coup par coup quatre balles de mitrailleuse. L'appareil tombé dans lignes ennemies, la victoire est confirmée par l'infanterie. Il sert alors à Verdun dans l’escadrille N 57 et s’y couvre de gloire. Le 22 mai 1916, pour la tentative de reprise du Fort de Douaumont, Chaput et sept autres pilotes : Nungesser, de Beauchamp, de Gennes, de Boutiny, Réservat, Guiguet et Barault décollent avec leurs avions armés de fusées mises au point par le lieutenant de vaisseau Yves Le Prieur. En quelques minutes le résultat de la mission est foudroyant. Sur la Rive droite de la Meuse six Drachen ont été enflammés simultanément au grand dam des Allemands qui n’en croient pas leurs observateurs Ce sera le seul Drachen au tableau de Chaput. Il obtient le communiqué aux armées le 21 juin 1916 Le 12 mai 1917 après avoir abattu son onzième avion allemand, il le poursuit en piqué pour l’achever. C’est alors que son SPAD VII commence à se désentoiler puis à se disloquer. Voyant sa dernière heure arriver, il réussit pourtant à se redresser et à rentrer en s’écrasant quasi indemne dans des vignes. Il est cependant grièvement blessé au combat le 24 juillet 1916 et est soigné à l’arrière par les soins de son père qui lui impose une rééducation très spartiate. Il ne reprendra sa place au front qu’en mars 1917 à la N 57 dont il prendra le commandement avec le grade de lieutenant le 11 avril 1918, faisant face aux offensives allemandes de printemps. Il y remportera à cette occasion sa 16e et dernière victoire le 21 avril 1918. Il annonce cette victoire à ses parents sur un « appareil de chasse d'un type nouveau, un Pfalz, le pilote était tué net » et leur reproche avec humour leur courrier au nom du "capitaine Chaput", ce qui lui a couté plusieurs bouteilles de champagne à la popote. Grièvement blessé, en combat aérien le 6 mai 1918 il a la force de poser son SPAD dans les lignes françaises où il meurt en se vidant de son sang. Son père est terrassé par la nouvelle et estime qu’il aurait pu sauver son fils s’il avait été présent. Continuant d’opérer les soldats que la guerre lui amène jusqu’à l’armistice et quelques mois au-delà, il se suicidera en février 1919.
La mort de Jean Chaput.
" 7 mai 1918
Mon cher papa Je ne t'ai pas écrit hier soir parcequ'il nous est arrivé un coup très dur. Chaput a été tué hier soir pendant une patrouille volontaire. Quelle guigne, il n'avait pas fat beau de toute la journée et le soir le soleil s'était montré. Il était sorti faire un tour pour se désennuyer. A cinq ils ont attaqué une bande de Fokker d'une qunzaine. trois Boches y sont restés mas Chaput aussi et c'est irréparable. Tu penses que je ne suis pas gai. On a pu le ramener ici et on va l'enterrer demain. Pour une fois j'ai le cafard." Courrier de Paul Prince à son père.
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