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Uteau, Gilbert Jean. Né le : 4 juin 1897. Mort le : 5 avril 1963. Profession avant la mobilisation : sans profession. Passé à l'aviation le : 16 avril 1917, élève pilote. Brevet militaire le :22 juillet 1917. Parcours : engagé volontaire à 18 ans. 85e artillerie. Affectations : SPA 315. 5 victoires homologuées Gilbert Uteau naît en 1897 à Tonneins dans le Lot et Garonne, dans une famille aisée dont les parents sont bijoutiers. Ceux-ci s’installent d’ailleurs à Bordeaux où M. Uteau père va ouvrir une boutique dans la rue Ste Catherine, la plus grande artère commerciale de la ville. Quand éclate la guerre, Gilbert n’a que 17 ans et n’a pas encore effectué ses obligations militaires, mais il décide de s’engager volontairement une fois passé son 18e anniversaire pour servir sur le front, se retrouvant comme simple soldat au 2e régiment d’artillerie lourde au mois de juillet 1915. Passant un peu moins de 2 années au front en étant muté dans d’autres régiments d’artillerie lourde, il se porte volontaire pour l’aviation et devient élève pilote en avril 1917 et se retrouve affecté avec le grade de caporal dans l’escadrille N 315 à Belfort au mois de novembre suivant, aux commandes d’un chasseur Nieuport. Bien que cette portion du front soit assez calme, Gilbert Uteau, promu sergent et passé sur chasseur SPAD, va se porter volontaire pour les Démobilisé, il retournera à Bordeaux reprendre le commerce de bijouterie de son père, étant de nouveau mobilisé dans un poste administratif en 1939-1940. Il est décédé en 1963.
« Tout se passait le mieux du monde... jusqu'au jour où, je ne sais quel incident mit en bisbille le général commandant la Place de Belfort et un de nos officiers, chef de groupe d'escadrilles. La maréchaussée se mit à nous demander des permissions pour venir le soir en ville. Les pilotes considérant la chose comme une brimade inacceptable, les gendarmes devinrent « ennemis n°1 » des chasseurs atteints dans leur dignité. J'en sais un qui attendait la médaille militaire, ayant déjà abattu trois avions allemands. Il eut entre temps, une bagarre sérieuse avec un représentant de l'autorité qui, lui non plus n'était pas manchot. Quelques jours après quand on le demanda au bureau du groupe, persuadé que c'était « la banane », il fit monter le champagne. Il trouva un colonel de l’Etat-major qui lui dit : "Adjudant U., j'ai dans ma poche droite une citation en conseil de guerre et dans la gauche une Médaille militaire. "Mon colonel répondit l'adjudant qui était gascon, l'Evangile ordonne à la main gauche d'ignorer ce que fait la main droite !!!. "Bien mon garçon" répliqua le colonel, "mais il est écrit au revers de la médaille "Valeurs et Discipline". Vous avez peut-être de la valeur, mais certainement pas de discipline. Vous n'irez pas en conseil de guerre, mais vous n'aurez pas la Médaille. Rompez ! Il fallut se « farcir » encore deux drachen pour décrocher la « banane ». Vous pensez si l'adjudant aimait les gendarmes »
Or que vit-on un jour à l'entrée de l'escadrille ? Six pandores et un officier. "Tiens" dit l'adjudant, "voici l'escadrille des Six Cognes, qu'on les boute hors de cette enceinte sacrée". Mais l'officier qui les commandait ne s'en laissa pas conter… Malgré notre fureur, notre chef d'escadrille obtint cependant que la perquisition se fit uniquement dans les dortoirs des mécanos et que pas un gendarme n'accédât aux chambres des pilotes. … Quant à l'officier de gendarmerie, il "pigea" aussitôt la situation et prit de front les pilotes à l'air le plus hargneux. Lorsqu'il leur eut dit qu'il était fantassin et blessé à Verdun, il fut déclaré "dignus entrare" et entraîné vers le bar de l'escadrille où il sut montrer qu'il savait boire. La perquisition se termina sans résultat et les mécanos, avec un air de dignité outragée, virent partir les gendarme…. Penser qu'ils auraient une nuit, barboté la voiture de l'escadrille pour aller à cette ville, ouvert les portes à l'aide de "rossignols fabriqués au hangar-atelier" et fauché les quetsches, mirabelles, kirsch, framboises et vins du Rhin de la cave! Mais comment penser que "Baigne dans l'huile" ou "La Goupille" étaient capables d'un tel forfait ! C'était par trop injuste ! Ils en auraient pleuré ! Or rentrant un jour dans ma chambre, je sentis qu'une des lames du plancher basculait. J'enlevai le tapis, sortis une planche mal ajustée et, sous le plancher, je vis le plus bel alignement de bouteilles qu'un amateur d'eau de vie d'Alsace puisse rêver ! Kirsch 1904, quetsche 1900, framboise 1910 récoltée par le garde-chasse, mirabelle 1898 !!! Lorsque le lendemain "La Goupille" pénétra dans ma chambre, j'essayai de ressembler à la statue du Commandeur, mais comme j'avais fortement entamé une mirabelle 1910 cela me fut assez difficile.… On voulut offrir une bouteille à notre chef d'escadrille, sans lui dire d'où elle venait ! Il comprit vite et nous menaça de son pied au chose si nous disions encore un mot de cette affaire… L'officier de gendarmerie revint au bar de l'escadrille et eut le culot de nous dire : "Bande de salopards, donnez-moi un kirsch et du bon. Je sais que vous en avez ! » (Février 1963. Le Bailli, pseudonyme d'Uteau[1] Dracken désigne ici un ballon d’observation français. . |