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Verdun 1916
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La Bande Noire
La «3» L’escadrille de Brocard et de Guynemer L‘ESCADRILLE n° 3 qui, sous le signe des « Cigognes », devait devenir au cours de la Première Grande Guerre la plus célèbre des unités de l’aviation militaire française est aussi la plus ancienne En juillet 1912, l’Etat-Major Général décide de former cinq escadrilles portant les n° 1, 2, 3, 4, 5. L’escadrille «n°3 » est constituée an camp d’Avord par le lieutenant Bellenger. Après avoir participé aux manoeuvres de 1912, la « 3 » doit se rendre à Belfort. C’est à l'occasion de ce départ que ses avions sont comparés aux « cigognes annonciatrices du printemps en Alsace. Pour la première fois, le nom de « Cigognes » est prononcé pour désigner la « 3 ». La déclaration de la guerre trouve la « 3 » sur le terrain de Belfort- Chaux. L’escadrille est équipée de six Blériot biplaces et porte l’appellation officielle de «Bl. 3». Son personnel pilotes comprend le lieutenant Bellenger, qui la commande ; les lieutenants de Serre, Trétarre. Munsch ; l’adjudant Bégou ; le maréchal des logis Duran ; le caporal Revol-Tissot. Dès le début d’août 1914, la Bl. 3. mise à la disposition du général Dubail, commandant l’armée des Vosges, est aussitôt engagée dans les opérations de la bataille d’Alsace. Le 5 août, le lieutenant de Serre, le premier, franchit le Rhin, à 1.200 mètres d’altitude, Mais le même jour, la Bl.3 déplore son premier deuil: le lieutenant Trétarre se tue en service aérien commandé, près d’Epinal. Le 6 août, le capitaine observateur Tiersonnier, pendant une reconnaissance sur Colmar-Fribourg, essuie les premiers obus de l’artillerie antiaérienne allemande. Au cours d’une patrouille entre Cernay et Aspach-le-Bas, la Bl.3 déverse quinze cents fléchettes « Bon » sur une division ennemie découverte par le capitaine-observateur d’Auzier. Le 26 août, pendant la bataille de la Mortagne, trois appareils de la B1.3 lancent des bombes sur des rassemblements ennemis observés par avion dans la région de Saales-Senones, Ces résultats obtenus, grâce à des missions aériennes renseignant les autres armes et particulièrement l’Artillerie, révèlent la nécessité d’organiser réellement des liaisons entre l’aviation et l’année de terre.
Le 4 septembre. la première bataille de la Marne se déchaîne entre Paris et Verdun, La Bl.3, stationnée à Epinai depuis le 28 août, s’envole pour Chaumont (5 septembre), puis, du terrain de Méry-sur-Seine (6 septembre) est mise à la disposition du général Maunoury, commandant la VIe Armée, On la trouve ensuite au Plessis-Belleville, puis sur les terrains de Champagne d’où elle prend part à la première bataille de l’Aisne (15-21 septembre) et appuie les opérations des troupes entre l’Aisne et l’Oise, Le premier combat aérien de la Bl.3 a lieu le 26 octobre, C’est le caporal Tissot et l’adjudant Bégou qui attaquent au mousqueton un avion allemand, tandis que le capitaine Munsch repère et signale à l’artillerie plusieurs batteries ennemies en action. La Bl.3 s’emploie dans toutes sortes de missions reconnaissance, bombardement, réglages, chasses, missions qui seront plus tard réparties entre les unités spécialisées. Certaines « missions spéciales » aussi : atterrissages en zone occupée pour y déposer des agents du service de renseignements. A la « 3 » l’adjudant Védrines en sera le grand spécialiste . Du 16 août 1915 au 15 avril 1916, l’escadrille Bl.3 appartient à la VIè Armée (général Dubois) et stationne sur le terrain de Breuil-le-Sec, dans l’Oise. En mars 1915, les Blériot sont remplacés par des Morane-Saulnier, biplaces à moteur Gnôme et-Rhône de 80 CV et l’escadrille devient la « M.S.3. ». Le capitaine Brocard succède, le 11 avril, au capitaine Bellenger, au commandement de l’unité, et oriente aussitôt les missions de la «M.S.3» vers le combat aérien. L’arrivée des Nieuport, mieux adaptés, va l’y aider Fin juin, le caporal Guynemer arrive à l’escadrille, et quelques jours après le lieutenant Deullin. Le premier, jeune débutant timide mais animé d’une grande volonté, le second qui a déjà montré sa forte personnalité, vont l’un et l’autre marquer brillamment leur passage à la « N3 » nouvelle appellation de l’unité, Car dans le même temps, les Morane sont remplacés par des Nieuport, également biplaces. Dès le 3 juillet, le caporal Guynemer s’affirme. Sur un Nieuport biplace, armé d’une mitrailleuse servie par le soldat Guerder, il remporte sa première victoire. Le 28 août, le capitaine Brocard abat son second avion, En mars 1916 à l’appel du commandant de Rose, commandant l’aviation de la Vè Armée, chargé d’organiser la défense aérienne de Verdun, le capitaine Brocard part avec ses meilleurs chasseurs, laissant le commandement de la N.3 au capitaine Colcomb, Notons que le commandant de Rose et son adjoint le lieutenant Chambe sont les créateurs, en 1915, de la Première Escadrille de Chasse. A Verdun, dans la formidable bataille qui fait rage depuis le 21 février, la lutte aérienne est très dure. Il faut faire face à la supériorité momentanée des Allemands. Le détachement de la N.3 et les autres chasseurs chevronnés, venus de toutes les escadrilles, ne tardent pas à reprendre le dessus. Le capitaine Brocard, le lieutenant Deullin, le sergent Bucquet, le sergent Chainat remportent de nouvelles victoires. Le 13 mars, Guynemer, qui a quatre victoires à son actif, est blessé et évacué ; une semaine plus tard, Brocard est blessé à son tour ; le 2 avril, c’est Deullin, qui marquera son, retour à la fin du mois par deux victoires. La bataille de Verdun se termine, pour nous, par une victoire aérienne totale. Mais la bataille de la Somme va commencer. A partir du 16 avril, la N.3 se regroupe sur le terrain de Cachy dans 1e secteur de la VIè Armée (général Fayolle). Le capitaine Brocard, sorti de l’hôpital, reprend le commandement de l’escadrille en même temps que lui est confiée la formation du « Groupe de combat de la Somme », qui va devenir le Groupe de Combat 12 et, bientôt, le fameux Groupe des Cigognes. Le Groupe comprend comme escadrilles constitutives, les N.3, 26. 73 et 103 les escadrilles N.37, 62 et 65 ne lui sont que momentanément rattachées. Le commandant Brocard conserve le commandement officiel de la N.3 jusqu’en novembre 1916. C’est au moment de la bataille de la Somme, que le commandant Brocard choisit l’insigne de l’escadrille parmi beaucoup de projets. Il donne sa préférence à la «Cigogne », à laquelle l’ancienne Bl.3 avait été comparée eu 1912. « Nom symbolique évoquant, avec les grands oiseaux migrateurs, les foyers d’Alsace pour lesquels luttaient et mouraient les jeunes hommes de France. » Les Cigognes ! Le bataillon sacré de notre aviation de chasse, véritable peloton d’entraînement de la grande épopée qui s’écrivait dans le ciel En mai et juin, la N.3 reçoit de nouveaux pilotes les lieutenants Raymond, de la Tour, Heurtaux, les sergents Dorme et Guiguet. Guynemer, à peine guéri de ses blessures, revient à l’escadrille et y trouve le nouveau monoplace Nieuport, le « bébé Nieuport ». La chasse individuelle la pouvoir commencer. Avec un avion racé, nerveux, maniable et rapide, muni d’une mitrailleuse fixe à l’avant, le pilota seul à bord, libre de ses mouvements, va faire des merveilles ! C’est le début de la grande époque. Nos chasseurs vont conquérir rapidement la maîtrise du ciel qui atteindra sa plénitude quelques mois plus tard, avec l’arrivée du Spad. Les pilotes de la N.3 s’attaquent journellement aux avions de reconnaissance et de réglage d’artillerie, aux drachens ou ballons d’observation, et bien sûr aux chasseurs. 11 faut à tout prix rendre l’ennemi aveugle et lui interdire de pénétrer dans nos lignes c’est la mission essentielle de l’aviation de chasse. Le 5 juillet, début de l’offensive, nos pilotes reçoivent une nouvelle mission particulièrement périlleuse, « d’avions d’infanterie » reconnaître à vue, en descendant à quelques dizaines de mètres du sol, en « rase-mottes » et au sein de tontes les trajectoires, les points exacts atteints par les premiers éléments de l’Infanterie, Mais les missions de destruction et de reconnaissance ne peuvent plus être confiées à des avions isolés. Les Allemands ont détaché du front de Verdun sur celui de la Somme d’importantes unités d’aviation. On organise donc des « patrouilles offensives » plus ou moins nombreuses qui « ratissent » le ciel ou effectuent (les rondes au-dessus d’objectifs déterminés. Les pilotes du Groupe des Cigognes s’avèrent rapidement orfèvres en la matière et leurs procédés d’exécution seront ensuite imités par toute l’Aviation de Chasse. Les victoires de la N.3 se multiplient. Le 28 juillet, l’escadrille en compte déjà trente officielles. Pourtant les succès réellement remportés sont beaucoup plus nombreux. Le commandant Brocard a imposé au G.C.12. une règle rigoureuse pour l’homologation des victoires de ses pilotes : une victoire donnée n’est attribuée qu’à un seul pilote, même si elle est le fait de plusieurs chasseurs de plus, la chute jusqu’au sol d’un avion ennemi, abattu en combat, doit avoir été observée par trois témoins. Les pilotes des Cigognes pourront dire, non sans humour, des pilotes d’autres escadrilles auxquels sont attribuées des Victoires « en participation », qu’ils n’ont abattu que des « morceaux d’avions » Pourtant, le palmarès des pilotes cités au communiqué officiel pour avoir abattu au moins cinq avions ennemis, s’allonge: à ceux de Guynemer et Deullin s’ajoutent les noms de La Tour, Heurtaux, Dorme, Chainat. Le 6 septembre, le lieutenant de La Tour livre six combats en quatre heures de vol ; Guynemer, le 23 septembre, abat encore deux avions, mais il est lui-même descendu par un obus français. Dans la nuit du 16 au 17, une bombe lancée par un avion ennemi incendie un des hangars de la N.3 le soldat Beisser, mécanicien, est carbonisé ; d’autres soldats sont blessés ; six avions sur douze sont détruits. « — Le lendemain, on vole simplement deux fois plus ! » Depuis le mois d’août les premiers Spad-Vll. ont fait leur apparition : c’est un avion de grande classe qui domine de loin tous les avions ennemis en service à cette époque. Le « Groupement de combat de la Somme » est divisé en deux formations : le groupe 12 et le groupe 13. Ce dernier sera constitué définitivement un peu plus tard sous le commandement du capitaine d’Harcourt, qui quittera à ce moment le commandement de la 103 et le transmettra au capitaine RadIe. La N.3 fait toujours partie du Groupe de combat 12 avec les N-26, 73 et 103. Le 8 décembre 1916, le générai Foch, commandant le Groupe des Armées du Nord, décerne à la N.3, devenue « la Première Escadrille de France », sa deuxième citation. Guynemer vient d’inscrire sa vingt-troisième victoire ; Heurtaux, Dorme, Deullin, respectivement leur dix-neuvième, dix-septième et dixième; de la Tour et Chainat, leur sixième. Janvier 1917 débute par cinq victoires : trois pour Guynemer, deux pour Heurtaux. Le Groupe de combat 12 est envoyé à Manouconrt, affecté à la Xè Armée (général Duchêne). Dans le ciel de Lorraine, l’aviation ennemie est redevenue très active et bombarde Nancy, même en plein jour. Les Cigognes ne tardent pas à y mettre bon ordre. Le 8 février, le lieutenant Guynemer abat un énorme bi-moteur de bombardement, un Gotha, qui sera exposé sur la place Stanislas. Le lendemain le capitaine Auget remporte sa troisième victoire officielle. Promotions : Dorme est nommé sous-lieutenant le 1er février ; Heurtaux capitaine, ainsi que Guynemer ; de La Tour quitte la N.3 pour prendre le commandement de la N.26 ainsi que Deullin pour prendre celui de la 73. Mars. La bataille de l’Aisne s’annonce. Le 23, le G.C. 12, mis à la disposition de la Xè Armée (général Mangin), arrive sur le terrain de Bonnemaison, près de Fisme, dans la Marne. Le 16 avril, les Cigognes sont engagées dans la deuxième bataille de l’Aisne dite « offensive du Chemin des Dames ». En plus de leurs missions normales, destruction d’avions et de ballons d’observation, les pilotes de chasse doivent reconnaître à basse altitude les positions atteintes par notre Infanterie. La lutte aérienne est particulièrement dure. L’aviation de chasse ennemie est nombreuse. Elle vient d’être dotée du redoutable Albatros D.III., armé de deux mitrailleuses et l’adversaire ne patrouille plus que par groupes de cinq, six, huit, dix avions, Les Cigognes n’imitent pas ces lourdes formations, bonnes pour la défense, mais peu aptes pour l’attaque efficace. Elles continuent leurs combats individuels ou par patrouilles de deux, trois ou quatre et leurs victoires sont quotidiennes. Mais c’est toujours Guynemer qui domine, tandis qu’à la Spa 103 un nouveau venu sur le terrain de Bonnemaison commence à attirer l’attention : l’adjudant Fonck. Fonck qui sera appelé, quelques mois p1us tard, à prendre le flambeau. laissé par Guynemer, dont « la ténacité indomptable, l’énergie farouche, le courage sublime » font l’admiration de tous. Le 25 mai, Guynemer abat à lui seul quatre avions ennemis : le premier le matin entre 5 et 7 heures, deux autres à quelques secondes d’intervalle entre 8 et 10 heures, et enfin un quatrième au cours d’une nouvelle sortie, vers midi. Dans l’après-midi du même jour, il part pour Buc où il essaie le Spad-canon construit pour lui et sur ses indications. Il est de retour avant la nuit. Le 26, il livre seul à 4.900 mètres un combat avec un groupe de six biplaces quelques minutes après il en attaque à nouveau huit et remporte une nouvelle victoire. Le 4 juin, il engage huit combats en moins d’une heure, seul contre des groupes de cinq et six avions : il rentre avec un longeron coupé et une commande de gauchissement entamée. Le lendemain, il abat deux avions à quelques minutes d’intervalle, puis il attaque un groupe de quatre et rentre encore avec son avion troué de balles. Le il juin 1917, à vingt-deux ans, Guynemer est promu officier de la Légion d’honneur avec cette magnifique citation : « Officier d’élite, pilote de combat aussi habile qu’audacieux. A rendu au pays d’éclatants services, tant par le nombre de ses victoires que par l’exemple quotidien de son ardeur toujours égale et de sa maîtrise toujours plus grande. Insouciant du danger, est devenu pour l’ennemi, par la sûreté de ses méthodes et la précision de ses manoeuvres, l’adversaire redoutable entre tous. A accompli, le 25 mai 1917, un de ses plus brillant exploits en abattant, eu une seule minute, deux avions ennemis et en remportant dans la même journée deux nouvelles victoires. Par tous ces exploits, contribue à exalter le courage et l’enthousiasme de ceux qui, des tranchées, sont les témoins de ses triomphes. » Le 5 juillet, le général Franchet d’Espérey, commandant le groupe d’armées du Nord, lui remet sa rosette sur le terrain de Bonnemaison, devant son avion, le «Vieux-Charles » qui le jour même a été percé de cinq balles. En deux mois, avril et mai, la Spa 3 a abattu officiellement trente- huit avions et au moins un nombre égal à l’intérieur des ligues allemandes, trop loin pour être homologués. Le 7 juillet, Guynemer donne à l’escadrille ses 127° et 128° victoires. Le 5 mai, le capitaine Heurtaux attaquant seul, avec une témérité folle, neuf avions ennemis est sérieusement blessé par une balle à la jambe et évacué. Le 25 mai, c’est le tour de l’adjudant Guiguet, atteint par des éclats d’obus. Quatre Pilotes sont portés disparus le sergent Papeil (15 avril), l’adjudant Sanglier (10 mai), le sous-lieutenant Donne (25 mai), le caporal Pérot (29 mai). Dorme, un des pilotes les plus glorieux des Cigognes. Légion d’honneur, médaille militaire, quatorze fois cité 22 avions ennemis abattus officiellement. Sa mort est confirmée par les Allemands. En juillet, la bataille des Flandres va commencer. Le G.C. 12 se déplace vers le nord. Avant son départ, le général Duchêne, commandant la Xè Armée, accorde à la Spa 3 sa troisième citation à l’ordre de l’Armée. On retrouve le G.C.12, le 15 août, installé sur le terrain de Saint- Pol-sur-Mer, puis de Bergues. Depuis le mois d’avril, les escadrilles du groupe, dotées de Spad VII, portent le sigle « SPA » et depuis le 28 juillet, le capitaine Guynemer commande la Spa 3. Les 27 et 28 août il remporte sur ses 49° et 50° victoires, mais son avion criblé de balles est gravement endommagé. Le 28, le capitaine Auger, attaquant seul cinq avions ennemis, est atteint d’une balle au cou. Perdant son sang eu abondance, il a l’énergie de regagner nos lignes, mais il expire en arrivant, Ses funérailles sont célébrées le 2 août dans la chapelle de l’hôpital de Dunkerque, en présence de son père, le général Auger. Sans répit, les Cigognes continuent la lutte. De grands combats se livrent avec des adversaires nombreux. Abattre un avion devient de plus en plus difficile dans ces luttes confuses, où se mêlent amis et ennemis. Quotidiennement pourtant, le palmarès de la Spa 3 augmente. Le 16 août, une nouvelle victoire du lieutenant Raymond ; le 17, le capitaine Guynemer pulvérise deux adversaires avec son Spad-canon ;
le 18, le sergent Hénin abat un avion en flammes ; le 20, Guynemer remporte sa 53° victoire officielle. Mais le 17, le sous-lieutenant Rabatel et le caporal Cornet ne rentrent pas ; le premier est fait prisonnier. Revenu récemment à l’escadrille, le capitaine Heurtaux veut rattraper le temps perdu à l’hôpital. Parti seul sur les lignes, le 3 septembre, il attaque avec sa témérité habituelle une forte formation ennemie, réussissant à descendre un de ses adversaires. Mais il est grièvement blessé d’une balle à la cuisse, ce qui lui vaut mie nouvelle hospitalisation, Après Dorme, disparu, après Heurtaux, blessé, une perte irréparable endeuille la Spa 3 et tout 1e Groupe des Cigognes. Le 11 septembre, Guynemer disparaît « en plein ciel de gloire ». Sur le grand palmarès de la Chasse, Guynemer a inscrit 89 victoires, dont 54 homologuées. Le G.C. 12 est maintenu dans le secteur des Flandres jusqu’en décembre 1917 ; il se transporte ensuite sur le terrain de Maisonneuve, dans le secteur de l’Aisne, qui est toujours celui de la VIIè Armée (général Duchêne). 1918. Le 15 janvier, le G.C.12, rattaché à la XIè Armée (général Hirschauer) rejoint dans l’Argonne, le terrain de Neauzée-sur-Avre, La Spa 3 change un peu de visage. Les grands As qui ont fait sa gloire sont morts, ou blessés, ou encore mutés dans d’autres unités. Mais des pilotes jeunes, bien décidés à suivre la trace de leurs illustres devanciers, dont ils ont retenu les leçons, sont là. Parmi eux, ressortent déjà, faisant figure d’anciens, le lieutenant Bozon-Verduraz, le sous-lieutenant Risacher, le sous-lieutenant Soulié, le sergent Baylies, le sergent Dubonuet. Le 7 mars, le G.C.12, mis à la disposition de la Iè Armée (généraI Debeney), s’installe sur le terrain de Lhéry, dans la Marne, secteur est du front de champagne. Le 21 mars, se déchaîne la grande offensive allemande sur le front franco-britannique de la Somme. Le Haut Commandement met aussitôt toutes les forces aériennes disponibles en liaison avec les forces terrestres et, particulièrement, les Cigognes qui effectuent d’innombrables missions. Le front britannique ayant cédé, il faut craindre la ruée des divisions allemandes sur Paris. Foch réagit, envoie en Picardie la Ire Armée, dont les unités débarquent sous le feu de l’ennemi et réussissent à colmater la brèche sur le front Nesle-Roye-Montdidier, puis sur l’Avre. Et le front se stabilise de nouveau. Le G.C.12 gagne successivement les terrains de Mesnil-Saint-Georges (24 mars), puis de Raray, dans l’Oise (28 mars). Le 9 avril, le Groupe reçoit l’ordre de se rendre à Montdidier. Les pilotes de la Spa 3 qui survolent, les premiers. ce nouveau terrain, constatent avec stupeur au moment d’atterrir qu’il est encore occupé par l’ennemi ! Les pilotes du G.C.12 prennent alors l’initiative de gagner le terrain d’Hétomesnil, près de Crèvecoeur. La lutte aérienne est toujours très dure ; la chasse allemande possède maintenant le Fokker D.VII, qui peut rivaliser avec notre Spad
XIII. Les combats aériens prennent une plus grande ampleur et sont plus acharnés et meurtriers que jamais. C’est alors que s’épanouit la forte personnalité du lieutenant Fonck, de la Spa 103. Depuis la mort de Guynemer, Fonck est devenu la figure de proue du Groupe des Cigognes, et on a vu les Spa 3 et 103 collaborer plus étroitement et confondre leur destin. Stationnant dans l’Oise jusqu’en septembre, le G.C.l2 monte une garde vigilante sur tout le secteur, principalement, au début de juin au cours de la bataille du Matz, qui consacre l’arrêt définitif de l’offensive allemande eu direction de Paris par la rive droite de l’Oise. Le 17 juin, le sergent Baylies et le sergent Dubonnet, patrouillant ensemble, vont à la rencontre d’une formation d’avions qu’ils prennent pour des Sopwith anglais c’étaient des Fokkers d’un type encore inconnu ! Combat mal engagé. Baylies est descendu eu flammes et Dubonnet ramène avec beaucoup de difficultés son avion criblé de balles. Baylies, volontaire américain, pilote remarquable et audacieux, totalisant 12 victoires officielles remportées entre le 9 février et le 31 mai, refusa de quitter la Spa 3 au moment de la formation du Corps Expéditionnaire Américain en France. Rayé des contrôles français et inconnu des contrôles de son armée nationale, le « citoyen Baylies ». comme on le nomme aux Cigognes, sert uniquement « pour la gloire ». Il mourra pour la France et ne recevra jamais, même à titre posthume, la Légion d’honneur. Le G.C.12 prend une part active à toutes les batailles dont l’issue conduira à la victoire. Le 17 juillet, depuis le terrain de Trécon, dans la Marne, pendant la contre-offensive victorieuse qui rejette les Allemands jusqu’à l’Aisne, les Cigognes, en plus de nombreux combats journaliers, accomplissent des missions en liaison directe avec l’armée de terre. En septembre, le G.C.12, affecté à la IVè Armée (général Gouraud), se déplace sur le terrain de Lisle-en-Barrois (9 septembre) puis sur celui de La Noblette, dans la Marne (18 septembre). De là, les Cigognes participent, du 26 septembre au 5 octobre, aux offensives victorieuses de Champagne et d’Argonne, et aux opérations offensives qui conduisent les troupes de la IVè Armée au nord de l’Aisne à travers l’Argonne (bataille du Chesne, 1er au 6 novembre) et, finalement, jusqu’à la Meuse, de Sedan à Mézières. Le 5 octobre, Garros, de la Spa 26, tombe dans le ciel de Vouziers, au cours d’un combat opposant plusieurs patrouilles des « Cigognes » à d’importantes formations ennemies. L’armistice du 11 novembre 1918 trouve la Spa 3 et tout le Groupe des Cigognes sur le terrain de Hauviné, dans les Ardennes, Une quatrième citation, en date du 5 décembre 1918. est décernée à la Spa 3, par le général commandant la IVè Armée « Consciente du sublime héritage d’abnégation et de sacrifice que lui a laissé le capitaine Guynemer glorieusement tombé au Champ d’honneur, malgré les pertes qu’elle n subies au cours des opérations de 1917, maintient avec le plus bel entrain et la même ardeur sa réputation d’escadrille d’élite. « Sous les ordres du Capitaine Raymond, a continué d’affirmer son écrasante supériorité sur l’ennemi, allant journellement au combat avec une décision et une audace remarquables et portant le nombre des victoires à 175 avions officiellement détruits et 100 autres désemparés » Signé Gouraud, Quelques jours après l’armistice, le G.C. 12 gagne le terrain d’Hagnenau, en Alsace reconquise, puis l’ancienne grande base allemande de Neustadt, dans le Palatinat. Appelées, dans les premières, à l’honneur de tenir garnison en Allemagne ies Cigognes s’envolent, le 28 avril 1919, vers Germersheim, où elles séjournent jusqu’au 19 juin, jour de la signature d.u traité de paix. Jean LAFFRAY, Président de l’Association des Anciens Pilotes de Chasse des « Cigognes »
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