L'aéronautique militaire

Discours de M. Reymond

Rapport de M. Rousseau

Réponse des constructeurs

Réponse du ministre

La revue militaire juin 1914

Comité national: Rapport de M. Rouseau

 

La question des avions militaires

Le comité national d’aviation établit la situation complète des avions commandés aux constructeurs français

L'achat par le ministère de la guerre des aéroplanes de la souscription nationale.
Le sénateur Reymod, président du Comité national d'aviation, que nous avons vu à la suite de notre article d'hier relatif aux destinations des aéroplanes militaires dus à la générosité publique, a bien voulu nous faire les déclarations suivantes:
Déclarations de M. Reymond, sénateur.
Vous me demandez comment se sont effectués les achats des avions de notre souscription nationale, recueillie par le comité qui fut fondé, vous vous le rappelez, le 11 février 1912.
Laissez-moi d'abord vous indiquer que dès le début de la souscription, le 25 février 1912, le ministre de la guerre déclarait qu'il acceptait d'avance les dons qui lui seraient apportés, mais avec une seule restriction, imposée par une délibération du conseil des ministres, que les fonds destinés aux achats d'appareils lui seraient remis et qu'il laisserait aux services compétents le soin de choisir les appareils appropriés. La somme exigée pour l'acquisition d'un avion fut fixée à 15'000 francs, comme vous l'avez dit hier.
Le rôle du Comité national était très simplifié. Chaque fois qu'il recevait une somme de 15'000 francs pour l'achat d'n avion -car nous nous occupions aussi de l'installation des hangars et terrains d'atterrissage- nous transmettions cette somme au ministre de la guerre en demandant justification de l'acaht et de la mise en service de l'avion.
Pour le contrôle nous faisions apposer une plaque sur l'appareil. Et nous avons tenu un état très exact de ces acahts, de ces affectations, de ces répartitions.
Le sénateur Reymond nous remet alors trois tableaux très détaillés des avions achetés et que nous publions en deuxième page.
En outre, ajouta le président du Comité national d'aviation, en réponse à une demande que nous lui adressions le 18 décembre 1912, le ministre de la guerre nous fournit le 25 février 1913 l'état des 72 avions acquis en 1912 pour le compte de la souscription nationale.
Nous avons naturellement demandé une justification semblable pour les avions achetés en 1913, mais elle ne nous est pas encore parvenue.
Bref la situation s'établit ainsi que nous l'avons indiqué à notre dernière réunion du Comité national. Nous avons mis à la disposition de l'autorité militaire 208 avions et non 114 comme semble le dire M. Esnault-Pelterie.
ces 208 avions se décomposent comme suite:
Avions dont les fonds ont été versés entre les mains du Comité national: 114
Avions dont les fonds ont été versés directement au Trésor: 64
Avions directement offerts à l'Etat:20
Avions dont les fonds sont restés entre les mains des comités locaux: 10
Au total: 208
Sur ces 208 avions, 171 étaient achetés et mis en service au 16 octobre 1913, et 25 d'entre eux, du reste, avaient pris part aux grandes manoeuvres du Sud. Ces 171 avions se répartissent ainsi:
Avions dont les fonds ont été versés entre les mains du Comité national: 103
Avions dont les fonds ont été versés directement au Trésor: 50
Avions directement offerts à l'Etat: 18
Au total: 171
dont le détail figure sur les tableaux que je vous ai remis.
Enfin sur une demande que nous avions adressé à l'établissement de Chalais-Meudon,à la suite de notre réunion du 16 octobre dernier, celui-ci nous faisait parvenir la liste, par constructeurs, du total des appareils commandés en 1912 et me communiquait l'état des avions acquis pour le compte de la souscription nationale.
Une délégation de la chambre syndicale, sur sa demande, fut reçue le 20 novembre dernier par le bureau du Comité nationale. Celui-ci fournit aux délégués les indications qu'ils demandaient sur les montants des sommes employées en achat d'avions, la liste de ces avions et leur répartition par constructeur. En revanche la délégation n'avait pas entre les mains les chiffres à l'aide desquels il fut possible d'établir la certitude absolue que les avions de la souscription n'avaient pas été acheté en sus des fonds budgétaires. Il fut décidé que la chambre syndicale demanderait à ses membres de lui faire connaître la totalité des commandes reçues par eux en 1912. Ces chiffres seraient comparés par nous avec ceux que nous possédions et nous pourrions envisager, d'accord avec la chambre syndicale, les résolutions à prendre.
Une correspondance fut échangée du reste avec la chambre syndicale à ce sujet, et ce ne fut pas sans étonnement que j'appris que sans attendre aucun chiffre, sans avoir effectué le contrôle qui avait été reconnu nécessaire, M. Robert Esnault-Pelterie écrivait, le 26 novembre, à un certain nombre de journaux la lettre que vous avez reproduite.
Je ne veux pas perdre mon temps à juger cette manière de procéder, car la question est plus grave et plus haute. Je me contente de constater que dans les affaires de ce genre on ne saurait se contenter de simples affirmations et que c'est risquer de compromettre la cause qu'on veut défendre que de ne pas apporter immédiatement des précisions et des chiffres indiscutables.
Le Comité national, tout en regrettant la hâte avec laquelle M. Robert Esnault-Pelterie a cru devoir écrire sa lettre, la considère comme un incident qui ne saurait arrêter son enquête, ni faire préjuger les décisions qui seront prises lors de la très prochaine entrevue qu'il aura, ainsi que cela a été convenu, avec la chambre syndicale des industries aéronautiques.
La situation actuelle
Il est difficile d'exposer d'une manière plus claire et plus précise la situation et la comptabilité d'une oeuvre aussi importante que le Comité national d'aviation. Il est à souhaiter que nos administrations publiques prennent modèle de ces précisions, de ce souci du détail et de ces justifications si lumineuses.
En se qui concerne les commandes globales passées par le ministre de la guerre aux constructeurs, on peut déduire de la lettre de Chalais-Meudon à laquelle il fait allusion plus haut, que pour 1912 un nombre d'avions s'élevant à 362 a été commandé.
Comme le Comité national compte sur ce chiffre pour 83, le nombre des avions budgétaires commandés en 1912 serait de 279. Au budget, il en avait été prévu 300 (note du colonel Hirschauer du 7 octobre 1912).
Pour l'année 1913, le rapport de M. Milliès-Lacroix indique que le chiffre d'avions à commander sur le budget pour arriver à un effectif total de 656 est de 336.
Comme en 1913 (au 16 octobre) le Comité national a passé commande de 88 avions au ministère de la guerre, le total des appareils à commander aux constructeurs, s'il n'y a pas superposition, atteindrait 424.
Il s'agit de connaître maintenant le chiffre des commandes passées ou à passer.. Il est certainement inférieur actuellement à ce nombre d 424.
cela provient peut-être aussi du retard réellement très regrettable apporté par l'administration militaire à envoyer les commandes du 2ème semestre de 1913.
Si nous sommes bien renseignés, les établissements de Chalais-Meudon, chargés de préparer les projets de marché avec les constructeurs (environ 200 appareils), lesquels contrats doivent encore revenir au ministère de la guerre, n'auraient été saisis par les services responsables que le 20 octobre dernier de cette répartition des marchés du 2ème semestre de 1913.
Il appartient maintenant aux constructeurs et au ministère de la guerre d'apporter leurs chiffres à ce débat, pour que celui-ci soit très rapidement clos.
Paul Rousseau.

Le Temps, n° 19.162, Dimanche 21 décembre 1913


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Budget 1913

L'Aéronautique militaire