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Mézergues, Albert.

Né le : 5 novembre 1886 à St Chaptes (30).

Mort le : 15 mai 1925 au Maroc.

Profession avant la mobilisation : militaire.

Passé à l'aviation le : 9 décembre 1913.

Brevet militaire le : 13 juillet 1914.

Affectations : V 21, VC 113, front d’Orient V 90S et V 84S, N 79, BR 131.

6 victoires, 1 combat non homologué.


Albert Edmond Mézergues nait le 5 novembre 1886 dans la commune de St Chaptes (Gard), où son père exerce la profession de gendarme. Ce dernier prend sa retraite de gendarme à 40 ans, en 1897, et se retire avec une très modeste pension qui le contraint à travailler pour subvenir aux besoins de sa famille, s’installant dans la ville de Toulouse. Le jeune Albert est éduqué dans un milieu très patriote et traditionnaliste, voire royaliste, puisqu’il devient vite un sympathisant puis adhérent de la ligue d’Action Française de Charles Maurras. En 1904, le jour même de ses 18 ans, avec l’autorisation de son père, il s’engage volontairement dans l’armée pour une durée de 3 ans au 12e régiment de hussards, près de Besançon.

Il y prendra rapidement du galon pour être nommé au grade de maréchal des logis. Se rengageant à plusieurs reprises, il désire passer officier en tentant les concours des écoles militaires. Il est malheureusement limité par son éducation qui le fait être recalé à l’oral de l’école d’artillerie en 1910, ainsi qu’à celle de cavalerie en 1912. Après s’être marié en juillet 1913, il se porte volontaire pour la nouvelle aviation militaire et y est détaché en décembre 1913, obtenant son brevet de pilote civil peu avant la déclaration de guerre.

TNTPSR : Tu Ne Tueras Point Sans Raison. Voisin-canon d’Albert Mezergues à l’escadrille V 90 S.

Il passe les premiers jours du conflit à effectuer des convoyages d’appareils Voisin jusqu’à ce que sa hiérarchie consente à lui octroyer le brevet de pilote militaire le 30 août 1914. Ceci lui vaut d’être immédiatement affecté à l’escadrille V 21 à Châlons sur Marne qu’il rejoint le 3 septembre suivant. Il réalise alors ses premières missions de reconnaissance, et le 8 septembre il effectue sa première mission de bombardement qui deviendra sa grande spécialité. Nommé adjudant le 17 du mois, il tente d’attaquer un Drachen à coup de fléchettes et réalise nombre d’autres missions de réglage d’artillerie, de reconnaissance photo et même de chasse.

La physionomie de ses missions change au mois de mai 1915 où il est promu sous-lieutenant et où il reçoit un Voisin-Canon. Avec cet appareil il va s’essayer à la chasse aux Drachen, qu’il est en fait impossible d’enflammer avec les projectiles du canon de 37 mm tirant de la grenaille. Cela ne l’empêche pas de tenter l’affaire et le 6 juin 1915, l’un de ceux qu’il attaque lui sera rétrospectivement considéré comme homologué, constituant sa 1ère victoire aérienne.

Après ce succès suit pour lui une période de déveine : il est victime d’un accident au sol le 8 juin, brise son appareil de remplacement, et tombe gravement malade en juillet. Pressenti pour être affecté à l’escadre de Breguet Michelin, il refuse catégoriquement de voler sur cet appareil qu’il juge dangereux, ce qui lui vaut d’être mis aux arrêts.

C’est peut-être d’ailleurs par punition qu’il va se retrouver affecté à l’aviation d’Orient le 20 octobre 1915, après quelques jours passés à la VC 113. Débarquant à Salonique, il est rattaché avec sa section d’avions-canons à l’escadrille V 90, composante du Groupement de Bombardement d’Orient (GBO), lequel va réaliser une douzaine de raids derrières les lignes ennemies. Mézergues s’y bat courageusement et réalise plusieurs attaques au canon contre les positions ennemies, et se frotte à la chasse allemande en tirant un monoplace Pfalz E.I le 23 mars 1916 qui lui sera considéré comme abattu. Le 27 mars, décollant pour défendre la ville de Salonique d’un raid ennemi, il se fait homologuer une 3e victoire contre un Albatros C descendu en collaboration avec un autre équipage. Enfin, durant la nuit du 4 au 5 mai 1916, il décolle sur alerte et attaque courageusement le Zeppelin LZ 85 qui s’en prend à la ville de Salonique. Tirant 5 obus sur sa cible, il abandonne l’attaque quand le ciel se zèbre de projectiles de DCA qui a repéré le dirigeable, lequel ira s’écraser dans les marécages du Vardar. Promu lieutenant et devenant instructeur pour les pilotes serbes durant l’été 1916, le paludisme endémique de Grèce le fera rapatrier en France le 6 août où il sera hospitalisé et mis au repos, ne reprenant le service qu’au mois de décembre 1916.

F. Bruyelles

Mézergues devant son Voisin Canon en Orient.

Après un court réentrainement, il est affecté sur biplan Sopwith à l’escadrille N 79, une unité de chasse disposant d’une section de reconnaissance à longue distance dont il aura la charge. Effectuant plusieurs missions et hospitalisé pour gelures aux pieds et au visage, il est attaqué le 13 avril 1917 par 4 chasseurs ennemis dont il se défend efficacement avec son mitrailleur au point qu’un des agresseurs va quitter le combat en fumant et lui sera homologué comme son 4e succès.

Albert Mézergues reçoit ensuite au mois de juillet 1917 le commandement de l’escadrille SOP 129, une composante du GB 4 du capitaine Happe stationnant à Luxeuil et chargé d’effectuer des raids sur le territoire allemand. Les pilotes de l’unité s’avèrent peu expérimentés et brisent leurs appareils à l’atterrissage. Mézergues a fort à faire pour relever le prestige de son unité et réalise aux commandes d’un Sopwith monoplace en compagnie d’un équipier, le Lt Beaumont, un spectaculaire raid de bombardement sur Francfort-sur-Main, plutôt symbolique mais qui redonne confiance à ses pilotes et lui vaut l’honneur de passer au communiqué aux armées. Le second raid qu’il organise le 22 août 1917 sur Fribourg-en-Brisgau se termine mal car il est abattu par la chasse ennemie et capturé en se posant dans les lignes allemandes. Incarcéré dans deux camps de prisonniers différents dans lequel il croise le célèbre Roland Garros, il finit au mois de décembre 1917 à être assigné à résidence à Francfort sur Main, ville qu’il a bombardée et où il sert de bouclier humain. Avec la complicité de soldats français, il parvient à s’évader en train, déguisé en civil, et parvient à passer la frontière hollandaise, puis rejoint la France le 17 mars 1918.

Après une permission à Toulouse, il s’entraîne sur le nouveau Breguet 14 et après un cours passage à la BR 134 se retrouve nommé à la tête de l’escadrille BR 131 le 26 mai 1918. Ancienne escadrille du GB 4 de Luxeuil, la BR 131 est maintenant intégrée dans l’escadre de bombardement n°13, elle-même composante de la division aérienne du général Duval, grande force aérienne réservée à la disposition du GQG chargée d’obtenir la supériorité aérienne sur tout point du front par effet de masse. Les Breguet 14 de la division aérienne ne connaîtront aucun repos en étant employés contre les troupes ennemies lors des offensives allemandes de printemps, qui bousculent les positions alliées. A la tête de son escadrille, Mézergues va mener de nombreuses missions de bombardement conduites en formation, au cours desquelles il affronte la chasse allemande. Le 31 mai 1918, lui et son mitrailleur, le très jeune Henri Miclet, se voient homologuer un chasseur allemand. Le 25 juin 1918, en attaquant des positions allemandes, Albert Mézergues réalise sa 100e mission de bombardement mais est descendu en combat aérien, se posant dans les premières lignes françaises alors que son mitrailleur Miclet a été tué – il en donne le récit complet au journal monarchiste « L’action française ».

Après une courte convalescence, il reprend sa place au front le 5 août 1918 en étant promu au grade de capitaine. Il réalise encore de nombreuses missions jusqu’à l’armistice, remportant une nouvelle victoire aérienne le 14 septembre 1918, terminant la guerre avec 6 victoires homologuées, 129 bombardements, 65 reconnaissances et missions photographiques, 39 surveillances de jour, et 11 réglages d'artillerie. Il jouit alors d'une relative célébrité, car ayant été cité au communiqué. La presse le salue comme « un as du bombardement ».

Le héros va connaître une période très difficile dans l'immédiat après-guerre. Militaire d'active, il reste en escadrille mais une maladie nerveuse contractée en service – une kératite - l’immobilise pour deux mois. Il divorce également de son épouse à cette époque.

Muté en Tunisie pour prendre le commandement de l’escadrille BR 543, il se remarie au mois de juillet 1919 et réalise plusieurs vols de longue distance en Afrique du Nord sur son Breguet 14. Au début de l’année 1921 il est muté au Levant pour commander la 54e escadrille du 35e régiment d’aviation, combattant l’insurrection au Djebel Druze. Ses chefs louent sa bravoure mais déplorent un officier manquant de culture et de tempérance…  Muté en Rhénanie au mois de novembre 1922 pour commander la 4e escadrille du 12e régiment d’aviation, il se porte volontaire pour le Maroc un an plus tard où il part finalement durant l’été 1924 avec l’appui des médecins militaires qui soulignent que le climat est plus favorable à la guérison de sa kératite. Affecté au 37e régiment d’aviation, il arrive quand débute la guerre du Rif avec l’attaque au début de l’année 1925 des avant-postes français par les rifains jusque-là cantonnés au Maroc espagnol. Commandant un groupe de 3 escadrilles, il mène plusieurs missions de bombardement et est blessé d’une balle au bras en avril 1925. Vite rétabli, il est de nouveau touché par un tir du sol le 15 mai 1925 alors qu’il était assis à la place de l’observateur sur Breguet 14 et décède dans la ville de Fès.


Fait preuve chaque jour d'un dévouement, d'une ténacité remarquables et d'un mépris absolu du danger. Volant jusqu'à l'extrémité de ses forces et celles de son avion. Exécute jusqu'à 4 vols par jour pour revenir bombarder plusieurs fois de suite les objectifs les mieux défendus par l'artillerie allemande. A lancé dans une même journée jusqu'à 18 bombes et 5.500 fléchettes. N'a pas hésité à poursuivre un avion ennemi jusqu'à dans ses lignes et a attaqué à plusieurs reprises un drachen-ballon. (JORF 8/11/1914)

1

6 juin 1915

V 21

Voisin Canon

Drachen

Toison (Près de Méricourt)

 

 Bravoure au-dessus de tout éloge exécutant quand le temps le permet plusieurs bombardements par jour.

2

23 mars 1916

V 90 S

Voisin Canon

Avion

Lac Doiran (Grèce)

Avec le matelot Georges Pacatte en mitrailleur

3

27 mars 1916

V 90 S

Voisin Canon

Albatros C

Paturos (Grèce)

Avec l’Asp. Naud en mitrailleur. En collaboration avec les équipages de 2 Nieuport 10

Chevalier de la Légion d’honneur. Mézergues (Albert), sous-lieutenant, aviation d'une armée : pilote ardent, brave et adroit. Se distingue presque journellement, volant de jour et de nuit jusqu'au surmenage. Le 23 mars, au cours d'un bombardement, a livré combat dans les lignes adversaires à un avion ennemi qui a été abattu. Le 27 mars a, par l'habileté de sa manoeuvre, permis à son observateur d'abattre un avion ennemi. A déjà reçu la Croix de guerre.

Officier au-dessus de tout éloge, toujours prêt à courir au danger et réclamant les missions les plus difficiles et les plus dangereuses. Le 17 mars, sans protection, a continué sa mission jusqu'au bout, loin dans les lignes ennemies malgré un combat avec cinq avions. Le 18 mars, poursuivant l'ennemi en retraite, l'a mitraillé à moins de 200 mètres, semant la panique. Le 21 mars a exécuté une reconnaissance lointaine à très basse altitude, revenant avec son avion criblé de balles et d'éclats d'obus, mitraillant les servants d'une batterie. Le 23 mars, par une température exceptionnellement rigoureuse, a complètement terminé sa mission, revenant avec les renseignements les plus précieux, la figure complètement gelée. Déjà cité trois fois à l'ordre du jour.

Officier pilote d'une bravoure légendaire. 500 heures de vol sur l'ennemi. A abattu deux avions et un drachen ennemi. Le 11 août a exécuté un raid de bombardement de 500 kilomètres dans les lignes allemandes.

Pilote du plus grand courage assurant le commandement d'une escadrille de bombardement avec la vigueur et l'entrain qui ne l'ont jamais quittés. Toujours en tête de son unité, la conduisant jusqu'à trois fois par jour loin chez l'ennemi, a ramené son avion criblé de balles dans de violents combats. Exécutant son centième bombardement au cours d'une lutte contre des adversaires supérieurs en nombre, a abattu son quatrième avion ennemi. Une blessure. Médaillé militaire pour faits de guerre. 4 citations.

Officier d'une modestie qui égale sa bravoure légendaire, est pour tous un superbe exemple d'énergie inlassable et de courage réfléchi. Le 22 août 1917, au cours d'un bombardement sur Fribourg, ayant son gouvernail de profondeur brisé par la DCA, à son arrivée sur l'objectif, a néanmoins exécuté sa mission. Recherchant à regagner nos lignes, attaqué seul par plusieurs avions ennemis, son moteur percé de balles, a dû atterrir près de Colmar. Blessé à l'atterrissage. Pendant toute sa captivité, a constamment préparé son évasion rendue de plus difficile par de nombreux changements de camps. Par son opiniâtre volonté, a réussi à s'évader le ... après six mois seulement de captivité. Aussitôt son arrivée en France, a demandé à reprendre sa place parmi des camarades du...

4

31 mai 1918

BR 131

Breguet 14

Chasseur

Le Plessier

Avec le Sgt Miclet en mitrailleur

5

25 juin 1918

BR 131

Breguet 14

Avion

Faverolles

Avec le Sgt Miclet en mitrailleur (tué au combat)

Mézergues (Albert), lieutenant du 12° rég. de hussards, commandant l'escadrille 131 : excellent commandant d’escadrille et brillant pilote de guerre. Est pour tous ses subordonnés un exemple d'énergie, de magnifique bravoure, en même temps que de modestie. Au cours d'une expédition de bombardement, après un premier combat, a soutenu une seconde attaque contre de nombreux adversaires. Blessé grièvement, son mitrailleur hors de combat, a réussi à atterrir dans nos lignes sous le feu de l'ennemi. Une blessure antérieure. Médaillé militaire pour faits de guerre. Six citations.

6

14 septembre 1918

BR 131

Breguet 14

Avion

Gare de Conflans

Avec Asp Collin en mitrailleur - En collaboration avec l’équipage d’un autre Breguet 14

Mézergues (Albert), capitaine du 12° régiment de hussards, commandant l'escadrille BR131 : ne cesse de prodiguer les preuves d'une éclatante et audacieuse bravoure et communique à son escadrille, son entrain et son invincible confiance dans le succès de toutes ses entreprises. Dans les offensives d'août et septembre, intervenant avec une fougue admirable, à la tête de ses pelotons, dans la poursuite de l'ennemi, bombardant et mitraillant les rassemblements et les convois à très basse altitude, a contribué au succès de nos armes. Le 12 septembre 1918, a exécuté ainsi deux expéditions par un temps extrêmement pénible attaquant l'ennemi à 300 mètres. Le 14 septembre, a conduit son escadrille sur une gare éloignée du champ de bataille et a réussi à l'atteindre en combattant pendant toute la route contre un ennemi trois fois supérieur en nombre. Au cours de la lutte, a abattu son sixième avion ennemi. Deux blessures. Médaillé militaire et chevalier de la Légion d'honneur pour faits de guerre. Six citations.


  Mezergues Albert    Mezergues Albert

 Meynial Jean BR131 ;  Meynial Jean N 79 ;  Meynial Jean Sop 129

 Mezergues Albert

La guerre aérienne illustrée

Victoires

 Mezergues Albert  Mezergues Albert

La guerre aérienne illustrée

"Le lieutenant Mézergues  commença la guerre comme aviateur de reconnaissance. Il se signala par la façon brillante et courageuse avec laquelle il remplissait ses missions. Au moment de la bataille de la Marne, il fut un précieux auxiliaire du commandement. Puis nous cherchons à organiser le bombardement : une escadrille, sous les ordres du capitaine Leclerc (devenu commandant) est formée à Belfort. Mézergues y est affecté et réussit diverses expéditions remarquables pour cette époque (fin 1914- début 1915). C’est ainsi qu’à diverses reprises il va lancer des bombes sur Fribourg-en-Brisgau, objectif qui ne lui pardonnera pas par la suite cette désinvolture. Une citation rend hommage à l’endurance et à la conscience de ce remarquable pilote : « Adjudant Mézergues, fait preuve chaque jour de dévouement et de mépris du danger. Volant jusqu’à l’extrême limite de ses forces et de celles de son avion, exécute jusqu’à 4 vols par jour pour revenir bombarder plusieurs fois de suite les objectifs les mieux défendus par l’artillerie ennemie. A lancé dans une même journée jusqu’à 18 bombes et 5500 fléchettes. N’a pas hésité à poursuivre un avion ennemi jusque dans ses lignes et à attaquer à plusieurs reprises un drachen ballon ».
Il conserva longtemps ce record du bombardement qui ne lui fut ravi, en mars 1915, que par l’adjudant Varcin qui, en 8 voyages, lança dans la même journée 32 bombes et 18000 fléchettes. Mézergues part à Salonique où il attire encore l’admiration de tous par sa fougue et son entrain. Quand le temps le permet, il continue, selon son héroïque coutume, à exécuter plusieurs expéditions quotidiennement, volant de jour et de nuit jusqu’au surmenage.
Le 23 mars 1916, au cours d’un bombardement, il livre combat dans les lignes ennemies à un avion qui est abattu. Le 27 mai, par l’habileté de sa manœuvre, il permet à son observateur de descendre un adversaire. Ces exploits font ajouter la Légion d’Honneur à sa médaille Militaire. Il rentre en France, passe sur avion de chasse et reçoit bientôt cette magnifique citation : « Officier au-dessus de tout éloge, toujours prêt à courir au danger et réclamant les missions les plus difficiles et les plus dangereuses. Le 17 mars, sans protection, a continué sa mission jusqu’au bout, loin dans les lignes ennemies, malgré un combat avec 5 avions. Le 18 mars, poursuivant l’ennemi en retraite, l’a mitraillé à moins de 200 mètres, semant la panique. Le 21 mars, a exécuté une reconnaissance lointaine à très basse altitude, revenant avec son avion criblé de balles et d’éclats d’obus, mitraillant les servants d’une batterie. Le 23 mars, par une température exceptionnellement rigoureuse, a complètement terminé sa mission, revenant avec les renseignements les plus précieux, la figure gelée. Déjà cité 3 fois à l’ordre du jour ».
Ne trouvez-vous point que ce résumé d’une semaine de travail ne valait pas la citation au communiqué au même titre que celle d’un chasseur abattant son cinquième boche ? Se fait-on une idée de l’énergie farouche dépensée au cours de ces exploits ? Surtout lorsqu’on sait que la mission du 23 mars consistait en une reconnaissance de 400 kilomètres en Allemagne et que parti avec plusieurs camarades, Mézergues fut le seul à réussir, les autres pilotes ayant dû s’avouer vaincus par le froid et les intempéries.
C’est le bombardement qui captive le plus notre héros. Il fait équipe avec le sous-lieutenant Baumont et tous deux caressent de grands projets. Pour signer en quelque sorte leur acte d’association, ils vont bombarder Francfort-sur-Mein, le 11 août dernier, malgré la brume qui leur cache le sol pendant les 600 kilomètres du parcours. Mézergues descend à 900 mètres sur la ville pour mieux assurer son tir et rentre sans encombre trois quarts d’heure après Baumont, alors qu’on redoutait déjà un accident.
La fatalité qui l’avait négligé ce jour là allait prendre sa revanche. Le 22 août, Mézergues, le sergent Laage et De Peyerimonhof prenaient le départ pour Fribourg-en-Brisgau. Le troisième ayant une panne de pression sur les lignes, était obligé de rentrer. Quoique son moteur baissât de régime de façon inquiétante, Mézergues s’obstine et continue.  Les deux camarades arrivent sur l’objectif et lancent leurs bombes. A ce moment, des aviateurs boches s’élèvent et dressent un rideau à 3000 mètres devant les français. Mézergues se trouve au-dessous de Laage. Celui-ci voyant le héros aux prises avec des ennemis, pique et va le dégager en profitant de sa vitesse plus grande. Tous deux remontent au Nord de Colmar. Là, Mézergues a son avion atteint, le moteur s’arrête. Il cherche à prolonger son vol plané jusqu’à nos lignes, mais ne peut y parvenir et atterrit dans les Vosges. Le grand héros est capturé, indemne. Mais sa disparition est une très lourde perte pour notre cinquième arme".
(Extrait de « La Guerre Aérienne Illustrée », du jeudi 20 septembre 1917) 

 Mezergues Albert

Mézergues devant son Voisin Canon en Orient.