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Marinovitch Pierre
Pierre Marinovitch naît le 1er août 1898 dans le 16e arrondissement de Paris, issu d’une famille de la haute bourgeoisie originaire d’Europe de l’Est. Sa mère est d’origine polonaise, tandis que son père, d’origine serbe, est un ingénieur des arts et manufacture qui a fait fortune en commercialisant le théatrophone, service téléphonique permettant d’écouter à distance des spectacles. Le jeune Pierre passe une partie de son enfance en Irlande et acquiert une bonne maîtrise de l’anglais, du russe, du serbo-croate et de l’allemand. Le 31 janvier 1916, sa nationalité française est confirmée étant donné sa naissance à Paris. Il peut alors s’engager volontairement pour la durée de la guerre. Il est incorporé au 27e régiment de dragons comme simple soldat de 2e classe. Un événement tragique le fait revenir à Paris : le décès de son père à l’âge de 59 ans le 2 juillet 1916. A cette date, il a déjà fait sa demande pour passer dans l’aviation. Elle sera acceptée le 8 septembre 1916 et il débute assez laborieusement son apprentissage, ne montrant selon ses instructeurs que de « très relatives qualités pour le pilotage ». Il sort néanmoins breveté en mars 1917 avec le grade de brigadier et se retrouve affecté à l’escadrille N 38 dans la Marne. Après deux mois d’hospitalisation, il est muté le 23 juin 1917 à l’escadrille N 94 où, promu maréchal des logis, il se révèle meilleur chasseur que pilote selon le témoignage de son camarade d’escadrille André Martenot de Cordoux, « Marino était un bon tireur, mais pas un bon pilote. Il n’avait aucune tactique : juste foncer et s’appuyer sur ses bonnes compétences de tir. » Il ouvre son score le 8 septembre 1917 à bord de son Nieuport 24bis, en descendant un chasseur ennemi, suivi d’un biplace capturé dans les lignes françaises le 5 décembre. Il devient un as le 19 janvier 1918 en remportant sa 5e victoire homologuée en abattant un chasseur Albatros D. Cette victoire lui vaut également 8 jours d’arrêts simples, qui lui sont infligés par son chef d’escadrille pour le motif suivant : « Conduisant une patrouille de deux avions, est allé loin dans les lignes ennemies, malgré la défense faite, pour y combattre un avion qu’il a descendu. » En février 1918 l’escadrille N 94 reçoit des chasseurs SPAD et se trouve intégrée dans le GC 18, lui-même composante de la division aérienne du général Duval qui va mener de nombreux combats au printemps 1918. Marinovitch, promu adjudant, remporte de nombreuses autres victoires aux commandes de son appareil désormais décoré du nouveau symbole de la SPA 94, « la mort fauchant ». Sa 10e victoire, obtenue le 1er juin 1918 avec beaucoup d’audace à deux contre 12, lui donne droit de voir son nom figurer dans le communiqué aux armées, le 9 juillet alors que son score est déjà monté à 12. La presse parle de lui et insiste sur son jeune âge de 19 ans, le baptisant « Benjamin des as ». Il remportera encore 10 victoires homologuées de plus jusqu’à la fin de la guerre, portant son score à 22. Restant à son escadrille, il doit être hospitalisé en février 1919 et quitte alors la SPA 94 pour l’escadrille des grands raids, une formation organisée par l’état-major pour réaliser des raids de prestige avec le matériel militaire très abondant après la guerre. Marinovitch y prépare une liaison de Paris vers la Pologne, avec une escale par la Tchécoslovaquie. Mais il n’aura pas l’occasion de la mener à bien. Envoyé en Belgique pour y réaliser une exhibition aérienne, son SPAD s’écrase le 2 septembre 1919 sur le terrain d’Evere près de Bruxelles, après une acrobatie réalisée à basse altitude. Pierre Marinovitch, le plus jeune des as de 14-18, est alors tué sur le coup, un mois après son 21e anniversaire.
Dixième victoire « Et c'est alors le dixième, qui donne droit au communiqué : il est abattu le 3 juin, au cours d'un combat livré par Marinovitch et le sous-lieutenant Martenot de Cordoux à quinze monoplaces, appartenant au groupe des Tangos et à celui des Damiers. La lutte prodigieuse de ces deux héros contre quinze des meilleurs as ennemis dura dix minutes. Chacun des Français abat un adversaire. Un des Damiers ramène Marinovitch en tirant jusqu'à Villers-Cotterets. Notre héros ne pouvait riposter, ayant épuisé ses munitions. Quant à Martenot de Cordoux, il descendait, moteur calé, de 4 500 à 1 200 mètres, avec quatre adversaires dans le dos. Soudain son moteur reprenait et, intervertissant les rôles, le chasseur se retournait et mettait en fuite ceux qui étaient attachés à sa perte. Dans ce combat, Marinovitch sentit le vent d'une balle lui passant devant l'œil, glissant sous son bras et sortant dans le fuselage. » Coll. Greg Vanwyngarden
La Guerre Aérienne N° 57
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