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Création des Groupes de combat, 1916 GRAND QUARTIER GENERAL le 10 octobre 1916 INSTRUCTION SUR LES GROUPES DE COMBAT SECRET L’expérience a montré qu’il était nécessaire pour lutter dans de bonnes conditions contre l’aviation ennemie, de disposer dans les secteurs actifs, d’Escadrilles particulièrement entraînées au combat aérien, réunies en groupe agissant sous les ordres d’un même chef. Il sera constitué, dans ce but, quatre Groupes d’Escadrilles de Combat ou « GROUPE DE COMBAT ». Chaque groupe comprend Un Etat-Major Un Parc, de composition semblable à celle d’un Parc Aéronautique d’Armée, Une Section de Photographie Aérienne, Des Escadrilles en nombre variable. EMPLOI ET MISSIONS DES GROUPES DE COMBAT Les Groupes de Combat relèvent du Général Commandant en Chef qui les met, suivant les circonstances, à la disposition des Armées ou Groupes d’Armées. Lorsque les Groupes sont à la disposition d’une Armée, il passent sous le commandement du Commandant de l’Aéronautique de l’Armée. Lorsqu’ils sont à la disposition d’un Groupe d’Armée, le Général Commandant le Groupe d’Armées a, à leur égard, les mêmes attributions qu’à l’égard des Groupes de Bombardement. En principe, les Escadrilles d’un Groupe de Combat stationnent toujours groupées sur le même terrain. Les missions qui peuvent être données aux Groupes de Combat sont les suivants : 1° - Combat offensif contre les avions 2° - Destruction des drachens 3° - Attaque des troupes à la mitrailleuse ou à la bombe 4° - Reconnaissance et liaisons avec les Armées voisines 5° - Exceptionnellement, protection immédiate des avions des Escadrilles de C. A. ou d’Artillerie – Barrage Le Commandant du Groupe conserve toute initiative dans les choix des procédés. Il désigne un Chef de Mission responsable de l’exécution et auquel il appartient de donner les ordres de détail nécessaire. MODE D’ACTION DES GROUPES DE COMBAT Le mode d’action des Groupes de Combat est essentiellement variable. Le Commandant du Groupe doit chaque jour modifier ses procédés (formation, altitude, itinéraire) de façon à dérouter l’aviation adverse, et à la surprendre en évitant lui-même d’être surpris. Il cherche constamment à déterminer avec précision les caractéristiques de l’aviation ennemie (nature des appareils, leur vitesse, leur armement, altitude, tactique d’observation, de protetion et de combat). Dans ce but, il recueille et contrôle toutes les observations faites par ses pilotes, les Aéronautiques d’Armée (avions, ballons) et les troupes de terre (D.C.A. en particulier). COMBAT OFFENSIF Le Commandant du Groupe fait exécuter en permanence des croisières sur le front de l’Armée ou du Groupe d’Armées, croisières qui, à certains moments, pourront être doublées, triplées… C’est le seul procédé qui permette à l’Aviation de Combat d’intervenir rapidement contre les avions ennemis. Ces croisières seront renforcées sur certains points et à certaines heures, soit d’après les instructions du Commandement, soit à l’initiative du Commandant du Groupe, d’après les renseignements qu’il reçoit sur l’activité de l’aviation ennemie. DESTRUCTION DES DRACHEN Les mesures prises par l’ennemi pour défendre ses drachen (treuils puissants pour les ramener rapidement, avions de protection, canons spéciaux, mitrailleuses) rendent leur attaque de plus en plus délicate. Mais, si la destruction des drachen ne peut être garantie, les attaques par les avions les feront ramener au sol et rendront par suite leur observation inefficace. Ces attaques pourront être combinées avec l’action de canons à longue portée qui chercheront à atteindre le ballon ou le treuil. Elles seront indiquées au cours d’une opération importante. ATTAQUE DES TROUPES A TERRE Dès qu’il est avisé de la présence de troupes rassemblées ou en marche, d’embarquements ou de débarquements de troupes, etc., le Commandant du groupe les fait attaquer à la mitrailleuse ou à la bombe. Les jours de bataille, cette mission prend une importance particulière. Une ou plusieurs Escadrilles peuvent être tenues alertées pour la remplir. Il appartient au Commandement de préciser au Commandant du Groupe sur quel point et à quelle heure les attaques sur les troupes de terre seront le plus indiquées. Le Commandant du groupe en prend, le cas échéant, l’initiative d’après les renseignements des Aéronautiques d’Armée ou les comptes-rendus des reconnaissances qu’îl a lancés spécialement. RECONNAISSANCES Disposant d’appareils très rapides et pouvant s’ouvrir la route de vive force, l’Aviation de Combat est toute désignée pour exécuter de temps en temps un renseignement douteux, etc. Ces reconnaissances sont d’autant plus fructueuses qu’une liaison interne intime et constante existe entre le Groupe de Combat et l’Aéronautique de l’Armée ( ou des Armées) pour lesquelles il opère. Une ligne téléphonique directe est établie entre le terrain du Groupe et l’Aéronautique de l’Armée. Le Groupe de Combat peut également être chargé d’exécuter pour une Armée, ou un Groupe d’Armées, des reconnaissances à grande portée. Il est outillé pour prendre, s’il est nécessaire, des photographies au cours des reconnaissances. Enfin, le Commandant d’un Groupe de Chasse ne doit pas perdre de vue que l’Aviation de Combat peut, par ses croisières fréquentes sur les lignes ou en arrière, apporter un concours précieux et continu aux reconnaissances aériennes des Escadrilles de C.A. et d’Armée. A cet effet, tout pilote doit, au retour d’une croisière, faire un compte-rendu précis de tout ce qu’il a pu observer, soit sur l’Aviation ennemie, soit sur les troupes à terre (activité de l’artillerie, mouvements de troupe, de convois, rassemblements, etc.) Ces renseignements, contrôlés par le Commandement du Groupe ou son Adjoint, sont réunis en fin de journée et transmis au Général Commandant l’Armée intéressée par l’intermédiaire du Commandement de l’Aéronautique de cette Armée. Ils sont téléphonés s’ils présentent un intérêt immédiat. PROTECTION DES AVIONS DES ESCADRILLES DE C.A. OU D’ARTILLERIE. La meilleures protection des avions des Escadrilles de C.A : et d’Artillerie réside dans l’action offensive des Groupes de Chasse portant le combat jusque dans les lignes ennemies. Il peut arriver, cependant, qu’il y ait intérêt à protéger d’une façon plus immédiate les avions des C.A. et d’Artillerie (Ex. : exécution d’une mission photographique en arrière des lignes, réglage de tirs sur des objectifs éloignés, surveillance de l’arrière du champ de bataille au cours d’une attaque). Cette mission incombe, en principe, à l’Aviation d’Armée, il pourra être fait appel au Groupe de Chasse dans des conditions à déterminer, dans chaque cas particulier, par le Commandement. CONSTITUTION DES GROUPES DE COMBAT Les Groupes de Combat seront constituées progressivement au fur et à mesure des disponibilités en matériel. Ces Groupes seront numérotés de 11 à 14, leur Parc de 111 à 114. Des ordres ultérieurs fixeront leurs affectations. Ci-joint le tableau d’effectif de guerre du groupe d’Aviation de Combat. ADMINISTRATION ET COMPTABILITE DU GROUPE Chaque Groupe sera administré isolément dans les mêmes conditions qu’un groupe de Bombardement. Le Commandant du Groupe a, en matière administrative, les mêmes attributions qu’un Commandant de groupe de Bombardement. J.JOFFRE |
Lutte contre les avions ennemis-1915Création des Groupe de combat |