Cette escadrille se trouve à Morlaincourt, dans la Somme, secteur entre Amiens et Cambrai. Parti le 3 octobre 1916 au matin, via Paris, Amiens, puis aiguillé sur des trains n’allant pas dans la bonne direction, après 7 km de marche à pied sous la pluie et dans la boue, accompagné des éclairs ,et du bruit de la canonnade, il arrive enfin à destination après un trajet en tracteur et encore 3 km à pied, dans la soirée du 5 octobre,
Robert a la surprise de trouver dans une escadrille du même groupe, comme mécanicien, Claude Villeneuve, fils du cousin Joseph.
Avec son aide, il arrange sa chambre, table, étagère, lavabo (la cuvette est une très grande boite), murs en planches tapissés avec de vieux journaux, etc. Maman lui avait donné couvertures et bon édredon de duvet.
Les pilotes de la 208 avaient organisé pour eux un mess ; chacun à tour de rôle était chef de popote et s’occupait de chercher de quoi améliorer l’ordinaire; un cuisinier faisait les repas; le matin, ils avaient café au lait au lit.. Quel luxe, quand on pense aux poilus des tranchées
et justement André s’était trouvé dans le secteur et avait été blessé, le 9 aoùt 1916, au bras gauche et poignet droit (3ème blessure — il a été blessé quatre fois mais n’a pas eu de pension, je pense par négligence de sa part).
A l’escadrille F 208 Robert fait des vols de repérage, de surveillance, de réglage de tir, des vols de nuit.
Le 9 mai 1918, après 352 h 30 de vol, il a la main gauche enlevée par un obus de plein fouet éclatant près du réservoir, Il atterrit à 8km a l’ouest de Villers Bretonneau ; il a 21 ans et 5 mois ; il est adjudant et a
fait l’objet de cinq citations et décorations, Médaille Militaire, Croix de Guerre avec palmes.
Note de Robert :
« Un obus m’enlève la main de plein fouet, détruit mes appareils de bord, traverse mon réservoir d’essence, explose aussitôt, criblant mon avion d’éclats.
Pour l’avion, en envoyer les restes au Parc.
Pour la main, attendre qu’elle guérisse et mettre une main artificielle. »
Ii a été soigné à Orléans, où sa tante est allée le voir, et à Joué les Tours oû, le 22 juillet l918, on lui octroie un mois de congé de convalescence.
Il avait été appareillé d’une main en bois, avec pouce qu’il pouvait faire bouger à l’aide de courroies entourant son torse, pas pratique du tout Il a eu ensuite une main en feutre, et maman lui a toujours tricoté une chaussette de laine pour protéger son bras.
Au temps où il avait sa main en bois, étant en convalescence à Bordeaux, dans le tramway un imbécile fait, en le regardant, une remarque sur les “embusqués”, et un bon coup de la main en bois lui a fait comprendre son erreur I
Il a realisé en mai 1926 un raid de brazzaville à Sikasso au Soudan avec un caudron C 60 ses exploits son relatés dans le livre "ciels imperiaux d'afrique"
Décédé le 27 juin 1952 en pilotant son Norecrin sur Abidjan
(Communication de M. J. B. )
