Le 4 août 1914, il est de retour en Vendée, à la caserne Du Chaffault de Fontenay-Le-Comte où il avait fait son service militaire dans le 137ème régiment d’infanterie (Classe 1897, matricule 1691). Il est alors incorporé dans l'Armée Territoriale, au "84ème territorial, 13ème compagnie de dépôt", et travaille dans l’atelier d’armurerie à la réparation des armes « qui viennent du front. Pas besoin de vous dire ans quel état on les trouve ».
Le 4 avril 1915, Léon passe au 1er Groupe d'aviation ; il est « retourné près de Paris à une escadrille (la 94ème) du camp retranché de Paris », en abrégé C.R.P, à Vélizy (Seine-et-Oise). Un mois plus tard, il est affecté au 2ème Groupe d'Aviation.
Au dos d’une « photo prise avant l’installation de la mitrailleuse », datée du 23 juillet 1915, et qui le représente au Centre Aviation Militaire du Bourget, procédant sur un biplan Maurice Farman au « démontage du moteur Renault (80 HP) pour la réparation », il note que c’est un « appareil de bombardement et mitrailleur ». Il précise aussi les fonctions des personnes attachées à cet appareil : Pilote, Adjudant SQUIROLI ( à droite); mécanos : Léon LOGEAIS, PERNOT.
La mission quotidienne des pilotes du CPR consiste à assurer un service de ronde permanente. Ce service fonctionne toutes les fois que les conditions atmosphériques rendent possible un raid ennemi au dessus de la capitale. Il est accompli par deux patrouilles de trois avions, l'une de protection immédiate, l'autre de protection éloignée, qui volent selon des itinéraires et des horaires prédéfinis. En outre, un service sur alerte est assuré.
Le 1er Septembre 1915, il écrit du Bourget à son frère Ernest :
" Si tu savais ce que l’on turbine en ce moment ; tu ne peux te figurer, nuits et jours sur pieds avec ces bombardements. Presque tous les jours et les nuits il part des escadrilles en bombardement et, tu sais, ce n’est pas rien pour partir. Je te dirais que nos appareils, c’est à dire ceux que nous avons, les Maurice Farman et Henri ne sont pas du tout combinés pour les bombardements ; alors il a fallu faire les installations de lance-bombe. Ce n’est pas une petite affaire. Il y en a des trucs à mettre. Et puis, à vrais dire, ce n’est encore pas le rêve comme marche ; enfin ce sont les officiers qui ont trouvé çà – alors tu dois comprendre – que ça marche ; bien oui que ça marche pas ! Bref, il faut le poser tout de même. Alors, après cette installation, il a fallu redémonter pour faire un orifice avec glace pour voir en bas. Cet orifice n’est qu’une fenêtre percée dans le plancher de la nacelle et qui permet au pilote ou observateur de voir si les bombes se déclenchent bien et voir également l’objectif et la terre. Après tout ça, il a fallu remonter les appareils. De là il est venu que notre moteur ne rendait plus bien ; alors, au lieu de passer son temps à chercher à le faire marcher, il a fallu le changer. Alors démontage du moteur et remontage d’un nouveau moteur, d’une nouvelle hélice, des phares et lanternes électriques marchant avec dynamos ; montage de la dynamo, des fils, etc. Eh bien, pour un sou par jour, c’était du boulot. Après, il a encore fallu redémonter les appareils lance-bombes car on s’est aperçu que ça ne pouvait pas bien marcher et à présent on étudie un autre système ; mais pour le moment on jette les bombes par dessus la nacelle, ce qui va presque aussi bien ; je dirais même mieux en se servant de nos viseurs qui nous donnent juste le point voulu pour lancer la bombe.
Pendant plus de huit jours, deux fois le jour et deux fois la nuit, nos avions sont allés bombarder les gares de Terniers (Tergnier) et Noyon. Il paraît qu’ils ont fait du bon boulot car ce sont des gares importantes. (Mais comme tu me le demandes, ce n’est pas nous qui sommes allés sur Nancy ; ce sont sans doute des escadrilles proches de ce centre, c’est à dire de Nancy. J’en ai entendu parler ; il paraît eux aussi qu’ils font du boulot épatant.
Ah ! tu sais, à présent ca va aller fort pour nous ; on nous remue les puces et j’ai pleine confiance dans cette nouvelle arme. Elle n’a qu’un grand défaut, c’est d’être trop dangereuse. Il en arrive des accidents mortels tous les jours. Encore 3 hier, 2 avant-hier, etc. en un mot, tous les jours ici.
Sais-tu que PEGOUD s’est fait descendre par un appareil allemand, hier. Quelle perte pour l’aviation française. Il était à son 6ème aviatic (Aviatik) qu’il avait descendu. C’était un terrible pour les boches.
Ah ! quand donc cette fin de guerre. On devient complètement neurasthénique de voir que ça ne prend pas fin…je viens de tirer quatre jours de taule pour avoir essuyé le coup de feu d’une sentinelle qui ne connaissait pas ses consignes et dont on avait donné des consignes irrégulières. Voilà la justice et l’humanité de ce jour. (C’est heureux qu’on nous interdit de causer et encore moins de l’écrire). Ce qui m’a sauvé, c’est que je me suis rappelé les consignes d’une sentinelle devant les armes et que j’ai pu les réciter et expliquer aux officiers qui m’ont interrogé ..."
Le 11 novembre 1915, Léon écrit une nouvelle lettre à son frère :
« ... J’ai réussi à avoir 15 jours : c’est une veine car dans notre groupe, ou plutôt dans l’aviation comme l’aérostation, on ne veut que donner 4 jours, pas plus. Enfin, sans en avoir l’air, j’ai réussi à avoir 15 jours et tu sais si j’ai été heureux…. »
Le 24 janvier 1916, Léon, toujours « mécanicien, escadrille 94, C.R.P, secteur 23 » adresse, du Bourget, une lettre à son frère Ernest au « 323ème Infanterie. C.H.R , boucherie, secteur 136 » :
« …Le plus malheureux, c’est qu’il fait toujours mauvais temps quoique hier, dimanche, et aujourd’hui, il fait un temps de printemps, aussi ça vole.
Je te dirai que mon capitaine n’est plus au camp retranché ; il forme une escadrille pour le front ; sans doute je le suivrai car il voudrait bien, et comme je n’ai pas à me plaindre de lui, si on veut me laisser partir, eh ! bien, je le suivrai car celui que j’ai actuellement et avec qui je suis affecté, c’est un vrai fou qui fait que punir. Aussi, moi, j’ai 15 jours de salle ; punition injuste. Tous dans l’escadrille, on y passe.
Je suis sur Nieuport à présent après avoir lâché sans regret les Caudron 2 moteur... »
Classé "service auxiliaire" le 24 mars 1917 pour raison de santé, il est de nouveau affecté au 1er Groupe d'Aviation le 23 avril 1917. Mais le 9 octobre suivant, il est réformé temporairement "pour tuberculose pulmonaire, maladie antérieure à l'incorporation", puis définitivement le 31 août 1918.
Installé après la guerre à l'Isle Adam (Val d'Oise) comme " mécanicien marchand ", Léon LOGEAIS est décédé "Mort pour la France", en son domicile, 8 rue St Lazare, le 5 juin 1919. Sa fiche de renseignements conservée dans le fichier des Morts pour la France pendant la Première guerre mondiale, précise qu’il avait le grade de caporal au 2ème Groupe d’aviation.
http://logeaisjp.blogspot.com/2010/11/avec-les-pionniers-de-lautomobile-et-de.html