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Ortoli, Jacques. Né le : 15 juillet 1895 à Poggio di Tallano (Corse). Mort le : 19 juin 1947 à Tunis (Tunisie). Profession avant la mobilisation : aviateur. Passé à l'aviation le : 2 septembre 1914. Brevet militaire le : 30 septembre 1914. Affectations : MF 8, N 31, N 77, SPA 57. 11 victoires, 4 combats non homologués. Jacques Toussaint Ortoli est né le 15 juillet 1895 à Poggio di Tallano, un petit village de Corse du Sud à l’intérieur de l’île où son père est agriculteur. Son milieu parait modeste mais il semble disposer de solides appuis familiaux puisqu’il peut se payer les cours pour passer les épreuves du brevet de pilote civil à l’école Farman, devenant ainsi l’un des plus jeunes aviateurs de France alors qu’il n’a pas encore fêté ses 19 ans.
La guerre éclate un mois plus tard. Il décide de s’engager dans l’armée le 2 septembre 1914, alors que les troupes allemandes menacent Paris, et choisit d’être incorporé au 2e groupe d’aviation en tant que simple soldat. Bien que les écoles de pilotage militaires aient été fermées au début de la guerre les autorités commencent à revenir sur leur décision en donnant le brevet militaire aux pilotes civils, ce qui est le cas pour Ortoli le 30 septembre 1914. Promu caporal, il est dirigé le 4 novembre 1914 vers l’escadrille MF 8 qu’il rallie en compagnie d’un jeune pilote croisé durant sa formation, le futur as Jean Navarre. Il y réalise ses premières missions de guerre, des reconnaissances sur les lignes allemandes, ou du réglage d’artillerie. Promu au grade de sergent en février 1915 alors que la MF 8 est engagée dans le Nord, il remporte avec son observateur une victoire aérienne le 28 avril 1915 contre un biplace allemand capturé dans les lignes françaises. La chance l’abandonne le 8 juillet quand il est blessé d’un éclat d’obus à la tête qui le contraint à plusieurs semaines d’hôpital. Il en sort le 3 septembre pour être formé sur avion de chasse et intégrer à la fin du mois de septembre 1915 l’escadrille N 31 basée à Toul sur Nieuport 10, puis Nieuport 11. Ses talents de chasseur vont se révéler le 21 février 1916 où il obtient sa seconde victoire officielle contre un biplace, puis une troisième dont l’équipage est capturé le 4 juin alors qu’il a été promu adjudant. Après un passage à l’escadrille N 77 à la fin de l’année 1916 pour y former les jeunes pilotes, il retourne à la N 31 qui s’installe à Lhéry au début de l’année 1917 pour participer à la bataille du Chemin des Dames. Après deux nouveaux succès obtenus les 6 et 23 mars son total est maintenant de 5 victoires. Son nom est alors mentionné dans le communiqué aux armées du 25 mars 1917 qui lui vaut les honneurs de plusieurs articles dans la presse, et ce d’autant plus qu’il a remporté sa 6e victoire le 24 mars et deux autres le lendemain ! Le journaliste Jacques Mortane le surnomme « l’as qui va vite »… Promu au grade de sous-lieutenant, il obtient encore deux nouvelles victoires dans la région de Reims le 19 juin 1917, suivies d’une 11e et dernière le 24 juin qui lui vaut des ennuis : l’époque des chasseurs en solitaire est révolue et le commandant Duseigneur, qui dirige le Groupement de Combat n°11, veut que ses pilotes ne sortent qu’en patrouilles conséquentes. Ortoli est passé outre et s’est offert pour cette dernière victoire une patrouille en solitaire hors de la zone d’opérations attribuée à son escadrille. Ayant enfreint les ordres, il n’en recevra aucune citation.
Restant après l’armistice à la tête de la SPA 57 qui stationne alors à Strasbourg, il demande en décembre 1919 un congé sans solde de deux ans pour assurer la direction d’un atelier mécanique qu’il a créé à Paris. Il démissionnera de l’armée d’active deux ans plus tard, s’étant établi à Wiesbaden pour y monter selon la gendarmerie française un trafic de moteurs et pièces détachées issus des stocks de guerre allemands. Durant les années 1930, il assure la direction d’une importante exploitation minière à Kanguet-Keftout sur la côte Nord de la Tunisie, produisant du zinc et du plomb. Mobilisé avec son grade de capitaine de réserve durant la seconde guerre mondiale, il est affecté à l’état-major de l’aviation de Tunisie mais au mois de mars 1940 est placé en affectation spéciale pour assurer la direction de sa mine, dont il sera officiellement démobilisé en février 1941. Il va activement s’engager dans la résistance et préparer l’arrivée des troupes américaines. Lors de l’occupation de la Tunisie par les troupes de l’axe, il constitue avec le personnel de son entreprise une force supplétive avec laquelle il fait le coup de feu contre les troupes ennemies. Une fois les Allemands et Italiens expulsés de Tunisie, il est de nouveau mobilisé dans l’armée de l’air et placé à la disposition du service américain au QG des forces alliées, étant promu au grade de commandant le 26 juin 1943. Placé ensuite en affectation spéciale en mars 1945 pour reprendre la direction de sa mine, il est démobilisé en février 1946 et s’éteint prématurément à Tunis le 19 juin 1947, peu de temps avant son 52e anniversaire . (Coll. P Guillermin)
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